Mer Agitée, Spindrift Racing, Mer Concept : Antoine Carraz évolue depuis ses débuts dans des structures au sein desquelles excellence rime avec performance. Fort de ses expériences enrichissantes, il a rejoint l’Orient Express Racing Team en mars 2022 en tant que Shore Team Manager avant d’en revenir le Directeur Technique.
Originaire de Haute-Savoie, Antoine Carraz grandit entre Thônes, Annecy et La Clusaz. S’il passe son enfance loin de la mer, il découvre la croisière dès son plus jeune âge avec ses parents, pendant les vacances. « Je devais avoir deux ou trois ans quand j’ai fait ma première croisière. J’ai ensuite commencé à aller un peu à l’école de voile l’été sur le lac d’Annecy, ça m’a bien plu. J’ai débuté la compétition en double dès l’âge de dix ans en tant qu’équipier sur un dériveur : l’Équipe », raconte-t-il. En parallèle, le jeune haut-savoyard fait beaucoup de ski. « J’ai fait pas mal de compétition en ski quand j’avais entre 9 et 12 ans mais à un moment, mon niveau en voile est devenu supérieur à mon niveau en ski. J’ai continué à en faire en loisir mais la compétition de haut niveau est très prenante. Ça ne laisse pas beaucoup de temps pour faire autre chose à côté », poursuit-il. C’est donc sur la voile qu’il jette son dévolu. Un titre de Champion de France d’Équipe en poche, il enchaîne sur d’autres supports, dont le 420 et l’habitable. Champion de France Espoir de Match Race, Vice-Champion de France de 420, 20e aux Championnats du Monde de la discipline, Antoine enchaîne les compétitions, en France et à l’étranger. « J’ai fait pas mal de Match Racing sur le circuit mondial et participé cinq fois au Tour Voile ».
Antoine ne néglige pas pour autant les études. Titulaire d’un baccalauréat scientifique, il fait un IUT en Génie Mécanique avant d’intégrer une école d’ingénieurs au Mans. Pour celui qui baigne depuis tout petit dans le milieu de la voile, travailler dans le milieu était une vraie volonté. « Quand on fait de la compétition en dériveur, on navigue tous les mercredis et les week-ends. J’ai toujours voulu travailler dans la voile mais je n’étais pas sûr d’y parvenir. J’ai choisi de ne pas faire une école d’architecture navale mais plutôt une école d’ingénieurs assez généraliste. Je ne voulais pas faire quelque chose de trop spécifique surtout qu’à l’époque, les équipes de course au large telles qu’on les connaît maintenant n’existaient pas vraiment à part Mer Agitée. Les places étaient très chères dans le milieu, ce n’était pas facile d’y rentrer », explique-t-il.
La chance sourit à Antoine, qui effectue son stage de fin d’études chez Mer Agitée, justement. Dans ce cadre, il travaille sur la conception de l’IMOCA Foncia de Michel Desjoyeaux pour le Vendée Globe 2008. Ingénieur BE IMOCA Foncia de 2007 à 2010, il devient ensuite Boat Captain du D35 Foncia puis du MOD70 éponyme, ce qui lui permet d’allier travail à terre et navigation, principalement en D35 et en MOD70, tout en continuant à faire du Match Racing. « Cette première expérience avec Michel Desjoyeaux, qui a niveau d’exigence hyper élevé et a à la fois des compétences techniques et en navigation, a été la base de tout. Ça m’a mis le pied à l’étrier. J’ai fait mes armes chez Mer Agitée, où j’ai beaucoup appris ».
La suite de sa carrière, Antoine continue de l’écrire au sein de l’écurie Spindrift Racing, qu’il intègre en 2013 en tant que Directeur Technique. A cette période, il navigue beaucoup sur le Maxi trimaran. « Cette expérience était différente de la précédente mais tout aussi enrichissante. Le Maxi était déjà construit, les autres bateaux étaient des monotypes. J’ai beaucoup navigué et appris à mieux appréhender les bateaux en mer. Ça aide dans le travail de conception », analyse-t-il. Antoine rejoint ensuite Mer Concept en 2018 en tant que Responsable étude et construction de l’IMOCA Apivia. « Je suis arrivé chez Mer Concept au tout début du projet Vendée Globe de Charlie Dalin. J’ai géré la partie technique de bout en bout : de la conception à l’exploitation pendant quatre ans, en passant par la construction. C’était une super expérience », détaille-t-il. « Chez Mer Concept, j’ai moins navigué mais c’était un projet plus global. On est parti d’une feuille blanche Il a fallu construire un bateau, le tester et l’exploiter ».
Antoine intègre l’Orient Express Racing Team en mars 2022. « Le Team, qui cherchait un Shore Team Manager, m’a contacté. J’avais toujours travaillé dans la course au large en France. J’ai commencé pendant la 32e America’s Cup. A part Groupama, il n’y a pas eu d’autre campagne française depuis. Ce genre d’opportunité ne se présente pas souvent en France. Et forcément, quand on vient de la voile inshore et que l’on est technicien et naviguant, c’est forcément quelque chose qui attire. J’y avais déjà pensé par le passé, mais il fallait trouver la bonne opportunité pour y aller. En 2017, pendant, la campagne de Groupama, je voulais faire le Trophée Jules Verne avec Spindrift. Là, c’était le bon moment car on arrivait à la fin du projet Apivia », confie celui qui occupe finalement le rôle de Directeur Technique au sein du Team. « Quand je suis arrivé, Dimitri Despierres occupait ce rôle. Mais le projet initial n’a pas abouti suite au désistement du partenaire, et Dimitri est reparti chez American Magic. Bruno Dubois m’a demandé si je me sentais capable d’assumer ce rôle sachant que je n’avais pas d’expérience de la Coupe. J’ai accepté. Mes expériences au cœur de différents projets, qui sont assez complémentaires, vont m’aider. J’ai notamment coché la case design avec Apivia, qui a été une expérience enrichissante. Beaucoup de membres du Team ont l’expérience de la Coupe, ça va permettre de compenser », ajoute-t-il avec toute l’humilité qui le caractérise.
Antoine Carraz en bref
Date de naissance : 1er février 1983
Lieu de naissance : Annecy ( Haute-Savoie - France)
Que représente l’America’s Cup pour vous ?
« J’avais un peu fait le tour des bateaux de course au large même s’ils évoluent, et vécu une grosse transition avec l’arrivée des bateaux à foils. Mais ce sont les mêmes acteurs. L’America’s Cup représente l’excellence. Avec Orient Express Racing Team, on va avoir des moyens différents et on va aller plus dans le détail de chaque paramètre. En tant que technicien, c’est hyper intéressant car on va pouvoir faire des choses pour lesquelles on n’a jamais eu les moyens ni les ressources auparavant. Et il y a une dimension internationale. La Coupe attire beaucoup d’étrangers. J’ai hâte de pouvoir confronter mes idées et ma manière de voir les choses et de travailler avec celle des Italiens, des Anglo-Saxons et des Suisses. Ça va me permettre d’évoluer et d’apprendre encore. »
Un souvenir précis de l’America’s Cup ?
« Je suis originaire de Haute-Savoie, à 30 minutes de Genève. Donc je dirais la victoire d’Alinghi en 2003. Je suis allé à Genève voir la Coupe. Ça reste un fait marquant car l’America’s Cup paraissait très lointaine avant. Là, c’était à côté de chez nous, dans un pays où il n’y a pas la mer. Ça a montré que sans être né au bord de la mer, on peut avoir un projet qui tient la route. On pouvait côtoyer les membres du Team sur le lac Léman. Cette victoire a mis un visage et une image sur la Coupe. »
Votre devise ?
« Qui ne tente rien n’a rien ! »
Extrait de palmarès
2022
Vainqueur du Spi Ouest-France en Open 7.50
2017
2e du Bol d’Or Mirabaud avec Spindrift
2016
Vainqueur de la Québec – Saint-Malo avec Spindrift
2015
Trophée Jules Verne Spindrift (tour du monde bouclé, record non battu)
2013
Record Route de la Découverte avec Spindrift
2012
Vainqueur de l’European Tour en MOD70 avec Foncia
3e de la Krys Ocean Race en MOD70 avec Foncia
2011
Vainqueur du Vulcain Trophy en D35 avec Foncia
Champion de France de Match Racing
2009
5e du Tour Voile à bord du Farr30 (Val Thorens)
3e du Championnat de France de Match Racing
2008
4e Tour Voile