Notre équipe

Notre équipe

Orient Express Racing Team est portée par deux hommes réunis et associés dans la société K-Challenge, Stephan Kandler et Bruno Dubois.
Autour d'eux, des personnes de talent, au service du projet français engagé dans la 37ème édition de la Coupe de l'America.

Management

Le management

Autour de Stephan Kandler et Bruno Dubois, une équipe de managers expérimentés :  

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    Antoine Carraz

    Directeur Technique
    Antoine Carraz
    4315
    Directeur Technique

    Mer Agitée, Spindrift Racing, Mer Concept : Antoine Carraz évolue depuis ses débuts dans des structures au sein desquelles excellence rime avec performance. Fort de ses expériences enrichissantes, il a rejoint l’Orient Express Racing Team en mars 2022 en tant que Shore Team Manager avant d’en revenir le Directeur Technique.

    Originaire de Haute-Savoie, Antoine Carraz grandit entre Thônes, Annecy et La Clusaz. S’il passe son enfance loin de la mer, il découvre la croisière dès son plus jeune âge avec ses parents, pendant les vacances. « Je devais avoir deux ou trois ans quand j’ai fait ma première croisière. J’ai ensuite commencé à aller un peu à l’école de voile l’été sur le lac d’Annecy, ça m’a bien plu. J’ai débuté la compétition en double dès l’âge de dix ans en tant qu’équipier sur un dériveur : l’Équipe », raconte-t-il. En parallèle, le jeune haut-savoyard fait beaucoup de ski. « J’ai fait pas mal de compétition en ski quand j’avais entre 9 et 12 ans mais à un moment, mon niveau en voile est devenu supérieur à mon niveau en ski. J’ai continué à en faire en loisir mais la compétition de haut niveau est très prenante. Ça ne laisse pas beaucoup de temps pour faire autre chose à côté », poursuit-il. C’est donc sur la voile qu’il jette son dévolu. Un titre de Champion de France d’Équipe en poche, il enchaîne sur d’autres supports, dont le 420 et l’habitable. Champion de France Espoir de Match Race, Vice-Champion de France de 420, 20e aux Championnats du Monde de la discipline, Antoine enchaîne les compétitions, en France et à l’étranger. « J’ai fait pas mal de Match Racing sur le circuit mondial et participé cinq fois au Tour Voile ».

    Antoine ne néglige pas pour autant les études. Titulaire d’un baccalauréat scientifique, il fait un IUT en Génie Mécanique avant d’intégrer une école d’ingénieurs au Mans. Pour celui qui baigne depuis tout petit dans le milieu de la voile, travailler dans le milieu était une vraie volonté. « Quand on fait de la compétition en dériveur, on navigue tous les mercredis et les week-ends. J’ai toujours voulu travailler dans la voile mais je n’étais pas sûr d’y parvenir. J’ai choisi de ne pas faire une école d’architecture navale mais plutôt une école d’ingénieurs assez généraliste. Je ne voulais pas faire quelque chose de trop spécifique surtout qu’à l’époque, les équipes de course au large telles qu’on les connaît maintenant n’existaient pas vraiment à part Mer Agitée. Les places étaient très chères dans le milieu, ce n’était pas facile d’y rentrer », explique-t-il.

    La chance sourit à Antoine, qui effectue son stage de fin d’études chez Mer Agitée, justement. Dans ce cadre, il travaille sur la conception de l’IMOCA Foncia de Michel Desjoyeaux pour le Vendée Globe 2008. Ingénieur BE IMOCA Foncia de 2007 à 2010, il devient ensuite Boat Captain du D35 Foncia puis du MOD70 éponyme, ce qui lui permet d’allier travail à terre et navigation, principalement en D35 et en MOD70, tout en continuant à faire du Match Racing. « Cette première expérience avec Michel Desjoyeaux, qui a niveau d’exigence hyper élevé et a à la fois des compétences techniques et en navigation, a été la base de tout. Ça m’a mis le pied à l’étrier. J’ai fait mes armes chez Mer Agitée, où j’ai beaucoup appris ».

    La suite de sa carrière, Antoine continue de l’écrire au sein de l’écurie Spindrift Racing, qu’il intègre en 2013 en tant que Directeur Technique. A cette période, il navigue beaucoup sur le Maxi trimaran. « Cette expérience était différente de la précédente mais tout aussi enrichissante. Le Maxi était déjà construit, les autres bateaux étaient des monotypes. J’ai beaucoup navigué et appris à mieux appréhender les bateaux en mer. Ça aide dans le travail de conception », analyse-t-il. Antoine rejoint ensuite Mer Concept en 2018 en tant que Responsable étude et construction de l’IMOCA Apivia. « Je suis arrivé chez Mer Concept au tout début du projet Vendée Globe de Charlie Dalin. J’ai géré la partie technique de bout en bout : de la conception à l’exploitation pendant quatre ans, en passant par la construction. C’était une super expérience », détaille-t-il. « Chez Mer Concept, j’ai moins navigué mais c’était un projet plus global. On est parti d’une feuille blanche Il a fallu construire un bateau, le tester et l’exploiter ».

    Antoine intègre l’Orient Express Racing Team en mars 2022. « Le Team, qui cherchait un Shore Team Manager, m’a contacté. J’avais toujours travaillé dans la course au large en France. J’ai commencé pendant la 32e America’s Cup. A part Groupama, il n’y a pas eu d’autre campagne française depuis. Ce genre d’opportunité ne se présente pas souvent en France. Et forcément, quand on vient de la voile inshore et que l’on est technicien et naviguant, c’est forcément quelque chose qui attire. J’y avais déjà pensé par le passé, mais il fallait trouver la bonne opportunité pour y aller. En 2017, pendant, la campagne de Groupama, je voulais faire le Trophée Jules Verne avec Spindrift. Là, c’était le bon moment car on arrivait à la fin du projet Apivia », confie celui qui occupe finalement le rôle de Directeur Technique au sein du Team. « Quand je suis arrivé, Dimitri Despierres occupait ce rôle. Mais le projet initial n’a pas abouti suite au désistement du partenaire, et Dimitri est reparti chez American Magic. Bruno Dubois m’a demandé si je me sentais capable d’assumer ce rôle sachant que je n’avais pas d’expérience de la Coupe. J’ai accepté. Mes expériences au cœur de différents projets, qui sont assez complémentaires, vont m’aider. J’ai notamment coché la case design avec Apivia, qui a été une expérience enrichissante. Beaucoup de membres du Team ont l’expérience de la Coupe, ça va permettre de compenser », ajoute-t-il avec toute l’humilité qui le caractérise.

    Antoine Carraz en bref

    Date de naissance :  1er février 1983
    Lieu de naissance :  Annecy ( Haute-Savoie - France)

    Que représente l’America’s Cup pour vous ? 
    « J’avais un peu fait le tour des bateaux de course au large même s’ils évoluent, et vécu une grosse transition avec l’arrivée des bateaux à foils. Mais ce sont les mêmes acteurs. L’America’s Cup représente l’excellence. Avec Orient Express Racing Team, on va avoir des moyens différents et on va aller plus dans le détail de chaque paramètre. En tant que technicien, c’est hyper intéressant car on va pouvoir faire des choses pour lesquelles on n’a jamais eu les moyens ni les ressources auparavant. Et il y a une dimension internationale. La Coupe attire beaucoup d’étrangers. J’ai hâte de pouvoir confronter mes idées et ma manière de voir les choses et de travailler avec celle des Italiens, des Anglo-Saxons et des Suisses. Ça va me permettre d’évoluer et d’apprendre encore. »

    Un souvenir précis de l’America’s Cup ?
    « Je suis originaire de Haute-Savoie, à 30 minutes de Genève. Donc je dirais la victoire d’Alinghi en 2003. Je suis allé à Genève voir la Coupe. Ça reste un fait marquant car l’America’s Cup paraissait très lointaine avant. Là, c’était à côté de chez nous, dans un pays où il n’y a pas la mer. Ça a montré que sans être né au bord de la mer, on peut avoir un projet qui tient la route. On pouvait côtoyer les membres du Team sur le lac Léman. Cette victoire a mis un visage et une image sur la Coupe. »

    Votre devise ?
    « Qui ne tente rien n’a rien ! »

    Extrait de palmarès

    2022
    Vainqueur du Spi Ouest-France en Open 7.50

    2017
    2e du Bol d’Or Mirabaud avec Spindrift

    2016
    Vainqueur de la Québec – Saint-Malo avec Spindrift

    2015
    Trophée Jules Verne Spindrift (tour du monde bouclé, record non battu)

    2013
    Record Route de la Découverte avec Spindrift

    2012
    Vainqueur de l’European Tour en MOD70 avec Foncia
    3e de la Krys Ocean Race en MOD70 avec Foncia

    2011
    Vainqueur du Vulcain Trophy en D35 avec Foncia
    Champion de France de Match Racing

    2009
    5e du Tour Voile à bord du Farr30 (Val Thorens)
    3e du Championnat de France de Match Racing

    2008
    4e Tour Voile

  • 4317

    Bruno Dubois

    Co-directeur
    Bruno Dubois
    4317
    Co-directeur

    Coureur au large, régatier, chef d’entreprise, maître-voilier ou team manager, Bruno Dubois a toujours mené de front plusieurs projets d’envergure dans sa carrière avec le succès qu’on lui connaît. Désormais CEO du France SailGP Team, cette figure emblématique de la course au large est également, avec Stephan Kandler, coassocié de K-Challenge et directeur sportif de l’équipe Orient Express, challenger français sur la 37èmeAmerica’s Cup. Portrait.

    Fils d’un joueur de football professionnel belge, Bruno Dubois grandit en Belgique. Très jeune, il découvre les joies de la navigation, pendant les grandes vacances d’abord, puis avec des amis de la famille. 420, 470, Hobbie Cat : le jeune belge, dont les parents voyagent beaucoup, multiplie les supports et engrange des milles, animé par un esprit d’aventure et d’évasion. Bercé par les récits de Bernard Moitessier mais aussi et surtout par les aventures autour du monde de Jacques Brel, du chanteur Antoine ou de Gérard Janichon et Jérôme Poncet à bord de Damien, il rêve de large. Après ses études, il effectue son service militaire au sein de l’équipe nationale de voile de Belgique et participe aux courses du RORC. Très vite, il trouve des embarquements et convoie de nombreux bateaux sur l’Atlantique pendant deux ans. L’objectif : acheter un Muscadet qu’il modifie et prépare lui-même pour la Mini Transat 1983, sur laquelle il s’impose. En 1984, il s’installe au Canada dont il obtiendra plus tard la nationalité, fonde une famille et participe à la première édition de la Transat Québec – Saint-Malo en trimaran. L’année suivante, il envisage de s’aligner au départ de la Whitbread mais privilégie le Tour de France à la Voile et son travail de maître-voilier. Ce n’est que partie remise. Il participe à l’édition suivante en tant que skipper de Runacor. De retour en Europe, au Danemark puis en France où il prend la direction de North Sails France, il continue de mener de front carrière professionnelle et course au large, qui sont étroitement liées. Trophée Jules Verne avec Ellen MacArthur, deux participations à la Transat Jacques Vabre avec Mike Golding, convoyages et régates sur plusieurs circuits : Bruno Dubois enchaîne les courses sur une, deux ou trois coques jusqu’à son chavirage en Extreme 40 en 2009. Il a alors 50 ans. « J’ai été blessé et un peu traumatisé par l’accident. Après la Transat Jacques Vabre 2011, je me suis dit que le temps était venu pour moi de raccrocher les bottes et le ciré », raconte-t-il.

    L’histoire ne s’arrête pas là. Contacté par Mark Turner, il prend la direction de Dongfeng Race Team en 2013 pour la Volvo Ocean Race 2014/15 et démissionne de son poste chez North Sails, dont il reste actionnaire. Il enchaîne ensuite sur l’America’s Cup avec le Groupama Team France dont il devient team manager. Une compétition qu’il connaît bien pour y avoir participé en tant que régleur et responsable du département voiles pour Areva en 2007, sous la houlette d’un certain… Stephan Kandler. L’homme rempile ensuite pour une deuxième Volvo Ocean Race à la tête de Dongfeng Race Team, avec cette fois la victoire à la clef.

    Deux semaines après la fin du projet, son téléphone sonne. Russell Coutts lui offre la direction de l’équipe chinoise sur la saison inaugurale de SailGP. « J’ai accepté. Au bout d’un an, les Chinois ont décidé d’arrêté et j’ai rejoint le France SailGP Team, que je gère depuis 2020. Après quelques changements, on commence à avoir de bons résultats et à jouer avec les meilleurs », indique-t-il. Avec, entre autres, deux victoires en Sail Grand Prix au compteur.

    Loin de se reposer sur ses lauriers, l’homme, toujours en quête de nouveaux défis, s’associe à Stephan Kandler, le fondateur de K-Challenge. « Je connais Stephan depuis 1997. A mon retour du Canada, j’ai fait les voiles du bateau de son père chez North Sails. Stephan naviguait à bord », explique Bruno Dubois « J’ai décidé de me concentrer uniquement sur la partie sportive en lien avec Franck Cammas, qui est en charge de la performance au sein du Design Team ». Installé en Angleterre, il rêve de signer une belle performance sur le plus vieux trophée sportif au monde. « On a une opportunité exceptionnelle avec une équipe et un bateau performant. Ça me fait rêver. J’ai envie d’aller le plus loin possible avec ce team et d’apporter mon expérience à la nouvelle génération ».

    La suite, Bruno Dubois, fraîchement diplômé en coaching, l’envisage toujours dans le nautisme. « J’ai fait une maîtrise de coaching en préparation mentale l’an dernier. J’aimerais bien me tourner vers ça après la Coupe et suivre un ou deux sportifs dans leur carrière. J’ai également acheté un catamaran de croisière pour me promener ». De beaux projets en perspective !

    Bruno Dubois en bref :
    Naissance en Belgique le 8 septembre 1959
    Double nationalité belge et canadienne

    Votre citation préférée ?
    "Parfois, c’est mieux de s’excuser que demander l’autorisation"

    Quel est le meilleur conseil que l'on vous ait jamais donné ?
    "N'abandonnez jamais" - un conseil de mon grand-père quand j'avais environ 10 ans.

    Que représente pour vous l’America’s Cup ?
    C’est la plus grande compétition technologique à voile. Avec SailGP c’est vraiment le plus haut niveau de régates.

    Un souvenir de la Coupe ? Un SMS de Larry Ellison lorsque nous avons battu les Anglais et les Suédois lors de la coupe aux Bermudes en 2017 avec Groupama Team France.

    En bref

    1991 – 2015 : North Sails
    1983 : Victoire sur la Mini-Transat
    2007 – 2011 :  2 x Transat Jacques Vabre, 
    1989-90 : Skipper, Rucanor Sport sur la Whitbread Round the World Race
    1999 : Farr 45 Champion d’Europe et du monde

    2003 : Jules Verne avec Ellen Macarthur
    2014-15 : Directeur du Team Dongfeng Race Team (Ocean Race)
    2015-17 : Directeur Groupama Team France (35e America’s Cup)
    Depuis 2020, directeur du France SailGP Team
    Depuis 2021, coassocié K-Challenge et directeur sportif de l’équipe Orient Express 

  • 4260
    Jean-Sébastien Chenier-Proteau
    4260
  • 5003

    Louis Romieux

    Directeur commercial
    Louis Romieux
    5003
    Directeur commercial
  • 4311

    Louis Viat

    Directeur des opérations
    Louis Viat
    4311
    Directeur des opérations

    Fasciné par les voiliers depuis son plus jeune âge, Louis Viat a fait de sa passion son métier. Depuis son début de carrière au sein du Groupama Sailing Team, le Breton d’adoption n’a jamais quitté le milieu de la course au large. Après plusieurs expériences enrichissantes à des postes clefs, il a rejoint l’Orient Express Team en février 2023 en tant que Chief Operating Officer.

    Originaire de la région parisienne où il grandit avant de partir en pension dans le Centre de la France, Louis passe toutes ses vacances en Bretagne, dans la maison de vacances de ses grands-parents à Saint-Philibert (Morbihan). « Quand j’étais gosse, j’allais frapper à la porte des chantiers à côté pour aller voir les bateaux. Ça me fascinait. C’était l’époque de Fujicolor, Primagaz… On faisait de la croisière, aussi. Je suis monté sur un bateau dès l’âge de trois ans », confie-t-il. Attiré par la mer, il commence la compétition à 14 ans avec sa bande de copains de la Trinité-sur-Mer. Parmi eux, Julien Villion et Corentin Horeau. « C’est allé crescendo quand je suis parti à Nantes faire un DUT Sciences & Génie des matériaux après mon bac S. J’ai commencé à naviguer en F18 avec Julien. On a fait trois-quatre ans ensemble ».

    Pendant ses études, Louis consacre une semaine par mois aux entraînements. « Avec Julien, on devait basculer sur un projet olympique mais suite à un changement de support, on s’est rabattu sur le TourVoile en Mumm30 puis en M34. On a monté un projet avec Multiplast et Safran avec tous les jeunes Trinitains de ma génération. Ça a duré deux ans. On naviguait avec Nicolas Lunven, Antoine Koch. C’était top ». C’est d’ailleurs à la Trinité-sur-Mer que Louis fait une rencontre déterminante : celle de Franck Cammas. « On a eu la chance de naviguer en Open 7.50 avec lui. Le père d’un copain avait un bateau et à l’époque, Franck n’en avait pas. Il a pris la barre de l’Open 7.50. On a fait deux-trois saisons ensemble, puis il m’a rappelé pour des régates en Match Race au milieu des années 2000 ».

    Les deux hommes se recroisent ensuite sur le circuit F18. Louis se tourne vers lui en 2009 pour son stage de fin d’études, qu’il poursuit en Ingénierie d’affaires et gestion de projets au Mans. « Stéphane Guilbaud, qui était alors directeur du Groupama Sailing Team, a accepté de me prendre en stage. J’étais son premier stagiaire. Ça a bien matché. C’était le début du projet Volvo Ocean Race et Extreme Sailing Series. Je suis revenu l’année suivante, raconte-t-il. Je devais passer ma soutenance de fin d’année, mais n’avais pas réussi à trouver une idée cohérente et à valider mon année ». Au lieu de redoubler, Louis décide de partir sur la Volvo Ocean Race avec le Groupama Sailing Team. Volvo Ocean Race, Extreme Sailing Series, TourVoile en M34 qu’il dispute sur l’eau, Class-C : les projets s’enchaînent. « J’ai navigué en double avec Franck en Class-C. On a passé deux ans géniaux à défricher le vol en bateau. On a été les premiers à voler sur des petits catamarans ».

    En 2015, Louis prend du galon et devient COO du Groupama Team France pour l’America’s Cup 2017, qui se dispute aux Bermudes. Une expérience enrichissante et un bel accomplissement pour ce féru de voile. En parallèle, il assure la direction sportive de l’association Team France de 2016 à 2020. Après la Coupe, il poursuit l’aventure avec Franck Cammas et devient Manager de Franck Cammas Racing. Dans ce cadre, il manage le projet Oman Sail pour l’Europe et Norauto – Team France sur le GC32 Racing Tour.

    En parallèle, Louis rejoint la Classe IMOCA en 2019, où il gère la crise Covid-19, entre autres. « J’y ai passé un an et demi. C’était enrichissant de gérer cette situation de crise. J’ai apprécié de travailler avec Antoine Mermod ». Mais très vite, son envie de retravailler pour une équipe le rattrape. « Boris Hermann m’a contacté à la fin de son Vendée Globe. Je n’avais jamais travaillé sur un projet IMOCA. Le projet était déjà en place mais il passait à une dimension supérieure ». En tant que responsable adjoint du Team, Louis gère l’implantation du projet en France et la préparation de The Ocean Race. Avant le départ du tour du monde en équipage avec escales, il décide de faire un break de six mois, lui qui n’a jamais vraiment fait de pause depuis qu’il a commencé à travailler. Son envie de break tourne court quand il reçoit un appel de Bruno Dubois, qui lui propose d’embarquer dans l’aventure Orient Express Team, où il retrouve un certain…Franck Cammas. « On se connaît très bien et on est toujours restés en contact. J’avais travaillé sur la Coupe avec Bruno en 2017 et je connais pas mal de monde au sein de l’équipe navigante. Il y a pas mal d’anciens de Team France Jeunes. Ce projet, que l’on a continué en parallèle du reste, a permis de trouver de vraies pépites ».

    Si tout sourit à Louis sur le plan professionnel, cet amateur de musique classique fan de grand espace de ski nourrit un seul regret : ne pas avoir continué le rugby un peu plus longtemps. « J’ai joué pendant 15 ans. J’avais même envisagé un tout petit peu envisagé d’en faire ma carrière à la fin du lycée. J’avais commencé les sélections régionales. C’est la seule chose qui me faisait rentrer à Paris ». Sa passion pour la mer et le voile aura eu raison de ses ambitions rugbystiques. Sa plus grande fierté : sa femme et ses deux enfants !

    Louis Viat en bref

    Date de naissance : 28 mai 1986
    Lieu de naissance : Paris

    Extrait palmarès
    2020
    Vainqueur Dhream Cup en Multi50 (Solidaire en Peloton)

    2019
    2e Grand Prix de l’Ecole Navale en Multi50 (Solidaire en Peloton)
    2e Foiling Week en Flying Phantom (MACIF)
    5e Eurocat en Flying Phantom (MACIF)

    2017
    Vainqueur Voiles de Saint-Tropez à bord du VOR70 Babsy

    2016
    Vainqueur Copal del Rey en GC32 (Norauto)

    2015
    Vainqueur Little America’s Cup Geneva en Class-C (Groupama)

    2014
    2e du TourVoile en M34 (Groupama)
    Vainqueur Normandy Sailing Week en M34 (Groupama)
    2e Championnat de France Elite de Course au Large en équipage

    2013
    Vainqueur Little America’s Cup Falmouth en Class-C (Groupama)
    Vainqueur TourVoile en M34 (Groupama)
    Vainqueur Normandy Sailing Week en M34 (Groupama)
    1er Championnat de France Elite de Course au Large en équipage

    2012
    Vainqueur Nation J80
    Vainqueur MedRace en M34 (COYCH)
    Vainqueur Spi Ouest-France en M34 (Groupama)

    Que représente l’America’s Cup pour vous ?
    « C’est la compétition qui demande le plus d’engagement à tous points de vue. C’est la plus complexe dans le monde de la voile, le graal de la course inshore mais aussi de la gestion de projets avec toute une symbiose de gestion à terre, de management d’équipe sur l’eau et à terre. Il y a des petits et des gros projets, des stratégies différentes. La stratégie initiale est hyper importante, encore plus sur un projet court. Je suis assez fasciné par cet environnement ».

    Un souvenir précis de l’America’s Cup ?
    « La Coupe 2012, qui a marqué la transition entre non foilers et foilers. Ce qui m’a marqué, c’est la vitesse à laquelle les acteurs de la Coupe se sont penchés sur le dossier des bateaux volants et le gap technique monstrueux qu’il y a eu entre deux éditions. C’est fascinant. Il y a tellement d’argent et de technologie en jeu que lorsqu’une décision réglementaire est prise, tous les teams travaillent sur ces sujets-là et permettent des avancées technologiques énormes ».

    Votre devise ?  
    « Never give up ! »

     

  • 4316

    Stephan Kandler

    Fondateur et co-directeur
    Stephan Kandler
    4316
    Fondateur et co-directeur

    Fondateur de la sport-tech K-Challenge, Stephan Kandler, qui s’est forgé une solide expérience dans le nautisme au cours des trois dernières décennies, fait partie des figures incontournables de la voile internationale. Après un break loin des pontons, il repart pour une 2nde campagne America’s Cup avec toujours la même envie. Et des ambitions plus larges, au-delà de la compétition.

    Né d’un père Allemand, pionner du programme Airbus à la fin des années 1960, et d’une mère Française, Stephan Kandler quitte l’Allemagne très jeune pour la France. Après une école de commerce à Toulouse, il se lance dans l’aventure entrepreneuriale en créant K-Yachting International, société d’import et de distribution de voiliers de course. Visionnaire, il décide d’importer le Mumm30 et le positionne comme futur bateau du Tour de France à la Voile malgré le scepticisme de certains. Pari gagné : ce dernier remplace le JOD 35 dès 1999. Un succès qui lui montre qu’il faut toujours croire en ses convictions. K-Yachting Pro-Am Cup, Tour de Corse en double, Championnat du Monde et Championnat d’Europe de Mumm 30… : Stephan Kandler organise de nombreux évènements véliques tout en poursuivant son activité de broker et d’équipier (vainqueur de la One Ton Cup en 1999). Une expérience très formatrice puisqu’elle l’amène à chercher des sponsors, convaincre les collectivités et les marins. Au cours de sa carrière, il lève plus de 50 millions d’euros en sponsoring et dirige des teams et entreprises de 10 à 80 personnes. Toujours au contact du haut niveau, l’homme, dont l’entreprise a contribué au lancement de la carrière de l’architecte naval Juan Kouyoumdjian, multiplie en parallèle les navigations.

    Ses expériences aussi riches que variées l’amènent à fonder K-Challenge le 4 décembre 2001 en vue de la 32e America’s Cup, qui se disputera à Valence (Espagne) en 2007. Pionnier dans tout ce qu’il entreprend, une qualité qu’il tient de son père Ortwin, Stephan monte une équipe jeune et talentueuse. Précurseur en matière de diversité, il fait la part belle aux femmes à terre comme en mer et nomme l’américaine Dawn Riley au poste de Team Manager. « Nous avions le 2e plus petit budget de la Coupe mais nous avons essayé d’ouvrir le jeu, d’innover. Nous avons terminé 8e mais 3e meilleur Challenger français en nombre de victoires par rapport au nombre de régates courues », indique-t-il. Cette campagne fut la première de futurs talents comme Guillaume Verdier, Sébastien Col, Nicolas Charbonnier ou Benjamin Muyl. En 2009, il s’associe au triple champion olympique allemand et double vainqueur de l’America’s Cup Jochen Schümann pour créer ALL4ONE, dont il prend la direction. Sponsorisé par Audi, le team signe trois podiums et une victoire sur l’Audi Med Cup 2010 et 2011, il remporte la Copa del Rey en 2012 et atteint par deux fois les demi-finales du Louis Vuitton Trophy en 2010 sous les couleurs de Geodis, Un circuit international dont il organise la première étape, à Nice. 

    Après un projet avorté de campagne sur l’America’s Cup avec Olivier de Kersauson, le retrait d’Audi du projet et le décès de son père, Stephan Kandler met la voile entre parenthèses entre 2014 et 2021 et se concentre sur les affaires familiales, dont le Château Tourril (Languedoc). Il fait également l’acquisition d’un second vignoble dans la vallée du Rhône : le Domaine des Pentelines. Pour autant, sa passion pour la régate ne faiblit pas et il suit de près l’America’s Cup en 2021. Convaincu de l’intérêt de revenir sur la prestigieuse compétition et des chances françaises de performer, il se rapproche de Bruno Dubois. Les deux hommes s’associent en vue de la 37e America’s Cup. En 2022, le projet se concrétise contre vents et marées, avec une vraie volonté d’accompagner une équipe française compétitive. L’arrivée du Groupe Accor et de sa marque Orient Express leur permettent de lancer la campagne. « La Coupe est un creuset de l’innovation dans le domaine maritime. Après la campagne de 2007, plusieurs ingénieurs ont créé leur propre société avec des innovations majeures. L’un de nos objectifs, cette fois, est de voir ce que nous pouvons faire pour appliquer ce que nous développons pour la compétition à l’industrie ». L’objectif : contribuer notamment à la décarbonation des transports, tout en conservant ses ingénieurs une fois la compétition terminée. « Notre volonté est que K-Challenge, première sport-tech au monde, perdure après la Coupe. Nous travaillons actuellement sur plusieurs technologies dont la simulation numérique, que nous pourrions transposer à d’autres domaines ainsi que le bateau hydrogène à foil. Notre ambition est de contribuer à rendre la filière française plus compétitive. Accor a d’ailleurs investi dans la filiale K-Challenge Labs dans ce sens ».

    Stephan Kandler en bref

    Date de naissance : 11 juillet 1970
    Lieu de naissance : Munich (Allemagne)
    Nationalité  : Franco-allemande

    Extrait palmarès en navigation
    - Vainqueur de la One Ton Cup 1999 et 2001 (IC45)
    - Vainqueur de la Copa del Rey 2012 (TP52)
    - 3 podiums Audi MedCup (TP52)
    - Trofeo Majorica 1999 (IC45)

    Que représente l’America’s cup pour vous ?
    L’America’s Cup est un rêve de gamin qui m’a attiré dès les années 1980 notamment avec la victoire de l’Australie qui a été l’un des plus grands exploits sportifs de l’histoire du sport. Il n’y a pas d’événement plus complexe et plus inégal, ce qui en fait le challenge humain, sportif et technologique le plus motivant qui soit.

    Un souvenir précis de l’America’s Cup ?
    La victoire de l’Australie en 1983 et celle de K-Challenge face à Alinghi en 2005 à Trapani.

    Votre devise ? Rien n’est impossible


Challenger

Challenger

A bord de l'AC40
2 barreurs, 2 règleurs
A bord de l'AC75
2 barreurs, 2 règleurs, 4 personnes à la cellule énergie

  • 2365

    Antoine Nougarède

    AC75 - Power Sailor
    Antoine Nougarède
    2365
    AC75 - Power Sailor

    Passionné de sports de montagne, de voyages et de musique, Antoine Nougarède, qui a pratiqué pendant de nombreuses années l’aviron à haut niveau, a rejoint au printemps dernier Orient Express Racing Team en tant que cycliste.

    Natif de Meudon, Antoine Nougarède grandit loin de la mer, en région parisienne. Enfant, il fait un peu de football et de tennis avant de commencer l’aviron vers l’âge de 12 ans. « Mon père en avait fait à un bon niveau. J’allais souvent au club, on me demandait quand j’allais m’y mettre. Je n’avais pas spécialement envie d’en faire, mais j’ai quand même essayé. Ça m’a plu d’être dehors, sur l’eau, avec les copains », se souvient-il. Jusqu’au baccalauréat, il rame en région parisienne, soit à Versailles, soit au club de Mantes-la-Jolie, dont son père était président quand il avait 30 ans. Le bac en poche, il rentre à l’INSA à Lyon dans la section sportive de haut niveau et s’entraîne au Pôle France. « Pendant mes études d’ingénierie en génie civil, je m’entraînais pour faire du haut niveau. Je faisais partie de l’Équipe de France Espoirs ». Sacré Vice-champion du monde universitaire en 2014, il accroche ensuite neuf titres de Champion de France à son palmarès entre 2014 et 2023. Et un titre de Champion du Monde en salle en relais.

    A la fin de ses études, il décide de voyager et part six mois en Nouvelle-Zélande, où il continue l’aviron avec succès et glane au passage un titre de Champion de Nouvelle-Zélande en 2016. A son retour en France, il rentre dans le monde du travail dans une start-up lyonnaise, qui l’avait recruté avant son départ. A ce moment-là, il décide de mettre un terme à ses entraînements avec le groupe France. Il rejoint ensuite SNCF Réseau en tant qu’ingénieur travaux en 2019 et continue la compétition à côté avec un club lyonnais. « C’était un bon compromis car moins prise de tête que quand tu veux ramer pour l’Équipe de France. Si tu veux performer, il faut t’entraîner tous les jours mais j’avais envie de moins de contraintes. Ça m’a permis de ramer pour le plaisir tout en continuant à progresser physiquement. En aviron, à moins d’être dans les tous meilleurs Français et d’être professionnel, il faut travailler à côté. Et si tu n’as pas d’horaires aménagées, c’est impossible de faire du haut niveau », indique Antoine, qui a toujours eu du mal à ne faire qu’une seule chose à la fois. Rameur émérite, il pratique également le ski de fond, l’alpinisme, la randonnée, le vélo de route, ainsi que la musique. Guitariste, bassiste, compositeur et chanteur, il se produit avec le groupe Cosmic Mango.

    Au printemps 2023, sa carrière de sportif prend un nouveau tournant. Contacté par Kilian Philippe, il passe les sélections en mars pour devenir cycliste au sein d'Orient Orient Racing Team. « Ça m’a tout de suite botté. Je connaissais un peu la voile et l’America’s Cup, sachant que plusieurs rameurs de haut niveau y ont participé avec les Néo-Zélandais. J’ai passé des tests sur des vélos qui mesurent la puissance que l’on peut développer. En AC75, il faut soit des personnes capables de développer des watts en instantanés, soit des personnes capables de tenir une intensité élevée pendant 20-30 minutes », poursuit celui qui se réjouit de participer à la compétition. « L’équipe est top. Je suis super content. Je réalise que c’est une incroyable opportunité », lance-t-il.

    Si pour l’heure, Antoine travaille toujours à temps plein à Lyon, il passe une semaine par mois à Barcelone pour s’entraîner avec le reste des cyclistes. « On sera sur place à plein temps à partir du mois de mai, à l’arrivée de l’AC75. En attendant, je fais pas mal de musculation, de gainage et de vélo, à raison d’un ou deux entraînements par jour. Il faudra être capable de continuer à pédaler même quand on se fera un peu secouer en mer. J’ai hâte. Pour le moment, mon expérience en voile est hyper limitée. Je n’ai navigué que sur un Birdy Fish à Quiberon. On passera directement à l’AC75 ». Le début d’une nouvelle aventure pour ce touche à tout qui a hâte d’en découdre.

    Date de naissance : 28 novembre 1992
    Lieu de naissance : Meudon (92)

    Sa devise :
    « Let’s boogie ! »

    Un souvenir précis de l’America’s Cup : « La participation de Rob Waddell, champion olympique de Skiff néo-zélandais. Je me souviens qu’il s’était mis à la voile et avait participé à l’America’s Cup avec les Néo-Zélandais. J’avais trouvé ça hyper cool de voir que l’on pouvait se recycler dans un tel sport. J’ai un peu de famille en Nouvelle-Zélande, qui s’y intéresse et qui trouve ça énorme que j’y participe. Il y a une vraie culture de l’America’s Cup là-bas alors qu’en France, quand j’en parle, je dois expliquer un peu ce que c’est. Tout cela a participé au fait que ça m’intéresse et que je me sois projeté très vite dedans. »

    Ce que la coupe représente pour lui : « Ce n’était pas un rêve. Jamais je n’aurais imaginé y participer un jour. Mais dès que j’en ai entendu parler, j’ai eu envie de la faire. Quand on a un esprit de compétiteur, intégrer une équipe aussi prestigieuse est hyper motivant. Je suis très excité, même si c’est un projet assez long et qu’il faut prendre les choses les unes après les autres. Très vite, c’est devenu un objectif. Je suis super content de faire partie de l’équipe. On apprend plein de choses. On est trois ou quatre à faire de l’aviron dans l’équipe. C’est cool de se dire que l’on arrive à rebondir, que l’on est encore bien physiquement. Pour moi qui aime toucher à tout, c’est une porte ouverte vers quelque chose de passionnant. Je trouve ça hyper riche de s’ouvrir sur d’autres sports. ».

     

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    François Pervis

    AC75 - Power Sailor
    François Pervis
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    AC75 - Power Sailor
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    Germain Chardin

    AC75 - Power Sailor
    Germain Chardin
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    AC75 - Power Sailor

    Rameur français au palmarès bien étoffé, Germain Chardin fait partie de l’équipe des cyclistes de l’Orient Express Racing Team. Un nouveau challenge pour lequel le double médaillé aux Jeux Olympiques se prépare depuis sa sélection au printemps dernier.

    Le sport, Germain Chardin le découvre dès l’enfance à Verdun (Meuse), où il grandit. « Mon père adorait ça et en faisait beaucoup. Il courait, je faisais du vélo, il nageait, j’allais courir », se rappelle-t-il. Après avoir pratiqué de manière intensive le basketball, le judo et le volleyball, il se tourne vers l’aviron après avoir été détecté à l’âge de 13 ans par le directeur sportif du Cercle Nautique Verdunois, qui remarque son potentiel de rameur. « J’ai commencé en 1996. Au départ, je n’avais pas spécialement une âme de compétiteur. J’étais plutôt attaché aux valeurs familiales et à la franche camaraderie. On s’éclatait entre copains. On avait un gros potentiel mais à l’époque, on n’avait pas conscience qu’il fallait l’exploiter. On profitait des copains, de vivre une aventure entre potes », poursuit-il. Son premier titre de Champion de France, il l’obtient en Cadets à Vichy avec son cousin du côté paternel, dont il est très proche. « J’ai grandi avec lui, on a fini par ramer ensemble. C’était top d’avoir ce titre avec lui, le début d’une belle aventure commune », se réjouit-il. Son goût pour la compétition continue de s’aiguiser en Juniors 2, avant qu’il ne bascule vers le haut niveau. Il enchaîne ensuite les titres de Champion de France avec son club et évolue parmi l’élite mondiale dans sa catégorie. Médaillé de bronze à Pékin en 2008 avec son cousin en quatre sans barreur, il accroche notamment un titre mondial toujours en quatre sans barreur à son palmarès en 2010, avant de décrocher l’argent olympique en deux sans barreur à Londres en 2012, puis un titre de vice-champion du monde en deux sans barreur en 2013.

    Si sa carrière de sportif de haut niveau nécessite beaucoup d’investissement, Germain ne néglige pas pour autant ses études, qu’il effectue notamment en marketing et dans le sport à Nancy. En parallèle, il s’entraîne au Pôle France. « Quand on fait de l’aviron, on est rapidement sensibilisé par les anciens à la nécessité de faire des études. Ça reste un sport amateur », rappelle celui qui débute sa carrière chez Pôle Emploi avant de reprendre des études puis d’intégrer le dispositif Athlète de haut niveau de la SNCF en 2013. 5e aux Jeux Olympiques de Rio en 2016, il décide ensuite de mettre un terme à sa carrière de sportif de haut niveau.

    Depuis 2017, Germain, qui occupe le poste de Responsable Marketing de la SNCF à Bayonne, vit à Anglet. « J’ai toujours été passionné par l’océan, les vagues. J’adore l’eau. Mon fils avait trois ans à l’époque. C’était le bon moment pour tenter l’aventure. On a un super cadre de vie, on compte bien rester au Pays Basque où l’on vit un peu comme en vacances », indique celui qui arrête définitivement l’aviron en 2023, après le Championnat de France des clubs. « Je suis ultra compétiteur. Quand je m’engage, c’est pour gagner, ce qui demande beaucoup d’énergie. Pour moi, l’aviron, c’est terminé. J’irai voir les copains mais je ne ferai plus de compétition ».  

    L’arrêt de l’aviron coïncide avec le début de l’aventure Orient Express Racing Team pour Germain, dont l’expérience en voile se résume à quelques initiations en Optimist et une navigation en Class40, à l’époque où il faisait partie du dispositif Athlètes SNCF. « Thibaut Verhoeven, avec qui j’ai beaucoup ramé, m’a parlé des tests d’efforts qu’il allait passer pour devenir cycliste au sein de l’équipe. On a échangé là-dessus à plusieurs reprises. Ça m’a tout de suite donné envie. Au départ, ma femme n’était pas très partante car avec deux enfants, ce n’était pas simple niveau organisation » confie-t-il. Une fois les tests passés avec succès, Germain décide de tenter l’aventure. Très vite, il est immergé dans le monde la voile de très haut niveau. « Je suis très content d’avoir intégré le team. Je suis un homme de challenges et l’America’s Cup est un grand défi, avec un côté très technique. Je sais que ça va être dur, qu’il va falloir tout donner, mouiller le maillot. Je pense que l’on va prendre une claque quand on va monter sur le bateau. C’est très excitant, le jeu en vaut la chandelle et je suis ravi de m’investir à 200% dans ce projet. Je ne connaissais pas Quentin avant mais c’est un vrai compétiteur, et je suis en phase avec sa vision ». Pour le moment, Germain, qui réside toujours au Pays Basque, jongle entre obligations professionnelles et entraînements à Barcelone, une gymnastique pas toujours évidente. « Je continue de travailler à plein temps et m’entraîne en plus quatre à cinq heures par jour quand je suis à la maison. Je m’adapte au maximum pour concilier le tout, sans oublier ma vie de famille. C’est n’est pas facile sans bénéficier pour le moment du statut de sportif de haut niveau mais on y arrive », avance celui qui a hâte de commencer à naviguer à bord de l’AC75 au printemps prochain.

    Date de naissance : 15 mai 1983
    Lieu de naissance : Verdun

    Devise : « On ne passe pas ! »

    Un souvenir précis de l’America’s Cup : « J’ai un peu suivi l’America’s Cup, mais pas de manière passionnée, au même titre que d’autres compétitions comme la Route du Rhum ou la Transat Jacques Vabre. D’ailleurs, j’ai même participé à la Route du Rhum sur Virtual Regatta, mais je n’étais pas bon. Je n’ai pas de souvenir précis de la compétition, mais je dirais que pour l’instant, c’est d’être à Barcelone, chaque jour que je passe ici à découvrir le monde de la voile. ». 

    Ce que l’America’s Cup représente pour lui : « Je ne mesure pas forcément ce que c’est. On a toujours un degré différent de représentation. Certains parlent de graal, de défi technologique. Pour moi, c’est un objectif sportif hors norme au même titre qu’une compétition sportive majeure comme les Jeux Olympiques ou un Championnat du Monde, une compétition de haut niveau entre les autres challengers et nous. »

  • 2009

    Jason Saunders

    AC40 & AC75 - Règleur
    Jason Saunders
    2009
    AC40 & AC75 - Règleur

    Après deux campagnes olympiques et une participation auréolée de succès sur la Red Bull Youth America’s Cup, Jason Saunders a rejoint l’Orient Express Racing Team au poste de régleur de l’AC40 et de l’AC75 tricolore. Un rêve qui se réalise pour le marin néo-zélandais, dont l’enfance et l’adolescence ont été bercées par l’America’s Cup.

    Originaire de l’île du nord en Nouvelle-Zélande, Jason Saunders débute la voile à neuf ans. Si ses parents naviguent un peu pour le plaisir, c’est à bord d’un vieil Optimist stocké dans le garage de son grand-père qu’il tire ses premiers bords. Piqué par le virus de la voile, il commence à régater au Tauranga Yacht Club & Powerboat Club, « un super club doté d’un bon niveau », avec un certain Peter Burling. « J’adore la voile. Ça permet d’être tout le temps dehors et ça change tout le temps. Aucune navigation ne se ressemble à cause de la météo. On apprend énormément en permanence », commente-t-il. P Class, Starling, 420 : Jason Saunders passe vite sur des supports plus grands avant de se tourner vers le 470 après un passage éclair en Laser.
    En parallèle, il fait ses études en business à Auckland tout en donnant la priorité à la navigation. Ses bons résultats et son appétence pour la compétition l’amènent très vite à voyager de plus en plus en Europe, où il participe à plusieurs Championnats du monde 420. Puis de 470 avant de débuter une première préparation olympique en 470 en 2009. En ligne de mire : les Jeux Olympiques de 2012 où il termine 5e avec Paul Snow-Hansen. « On avait 21 ans et aucune attente. On voulait bien sûr faire un bon résultat, mais on ne s’attendait pas à faire aussi bien », raconte-t-il. L’année suivante, il participe à la Red Bull Youth America’s Cup à San Francisco avec l’équipe néo-zélandaise. Une expérience qui lui permet de mettre un premier pied dans l’America’s Cup. « J’ai découvert le monde de la Coupe. On voyait les Néo-Zélandais travailler et naviguer sur les gros bateaux. C’était super intéressant. On avait une très bonne équipe. On a fait une belle performance, on était contents », indique-t-il. Fort de sa victoire sur Red Bull Youth America’s Cup, Jason repart pour une nouvelle préparation olympique, en Nacra 17 cette fois. « J’avais envie de naviguer sur un bateau plus rapide, de me lancer un nouveau challenge », confie celui qui participe aux Jeux Olympiques de Rio 2016 avec Gemma Jones. « On était bien préparés. J’avais plus d’attentes qu’en 2012 car je savais que l’on avait les armes pour être sur le podium. Ce n’est pas passé loin car on a terminé à quelques points des premiers. Notre 4e place a été dure à digérer, j’ai mis longtemps à l’accepter », confie-t-il.

    En 2016, Jason quitte son pays natal pour la France, où il rejoint Manon Audinet, sa compagne, à La Rochelle. Sur place, il apprend le français et enchaîne les régates en France dont le Tour Voile, tout en se lançant dans une nouvelle préparation olympique. Malgré quelques bons résultats en Nacra 17 dont une 4e place au Championnat du Monde en 2017, il jette l’éponge en 2019. « J’étais un peu dégoûté de la voile. J’ai passé quasi un an sans naviguer. Enchaîner les préparations olympiques nécessite beaucoup d’énergie, et je n’en avais pas assez pour me lancer dans un autre projet à ce moment-là », poursuit-il. Malgré tout, Jason se lance un nouveau défi et pas des moindres : terminer un Ironman, ce qu’il réalise en Nouvelle-Zélande avec son frère en 2021. Cette même année, il signe son retour dans la voile sur SailGP en remplaçant son compatriote Blair Tuke sur deux Sail Grand Prix au sein de New-Zealand SailGP Team. « Peter Burling m’a demandé si je pouvais remplacer Blair pendant les Jeux Olympiques de Tokyo auxquels ils participaient tous les deux en 49er. J’ai ensuite fait un Sail Grand Prix avec les Américains. J’ai beaucoup appris en naviguant en F50. C’est un bateau complètement différent de ceux sur lesquels j’avais l’habitude de naviguer, avec les ailes rigides, beaucoup d’hydraulique, d’électronique et de datas. C’est génial de pouvoir analyser les données des autres équipes. Les réponses sont dedans, il faut les trouver. J’ai vraiment adoré. En olympisme, on n’a pas la possibilité d’analyser les navigations. C’est ce qui me manquait. Si tu travailles beaucoup, tu ne peux que progresser ». Fort de cette expérience enrichissante, il commence à naviguer avec Team Tilt en GC32, avant d’intégrer l’équipe suisse de SailGP. Et en septembre dernier le France SailGP Team, où il rejoint Manon Audinet, entre autres. « On a toujours navigué l’un contre l’autre. C’est super de pouvoir naviguer avec elle, de voir comment elle se comporte sur un bateau. On est assez fiers de faire SailGP ensemble », ajoute celui qui vit désormais à Barcelone avec sa compagne et son fils.

    Dans la foulée, Jason rejoint Orient Express Racing Team. Un rêve qui se concrétise pour lui. « L’America’s Cup fait partie de l’histoire de la Nouvelle-Zélande. J’ai plein de souvenirs de la compétition. Je regardais les régates à la maison, en rentrant de l’école, et je rêvais d’y participer un jour. Je suis aussi très heureux d’avoir rejoint le projet français, qui est très performant. Ça me donne les moyens de pouvoir progresser et l’opportunité de naviguer sur des bateaux incroyables. Dans chaque équipe, beaucoup de marins sont issus de l’olympisme. C’est sympa de les retrouver ». Quand il n’est pas àbord de l’AC40,  Jason navigue toujours un peu en wingfoil et fait du trek et du vélo avec Manon. Et consacre beaucoup de temps à son fils.

    Son meilleur souvenir de l’America’s Cup : « la victoire de la Nouvelle-Zélande en 2000, face aux Italiens. Je l’ai suivie à fond. Il y avait une super ambiance. Tout le monde avait acheté des chaussettes rouges pour soutenir l’équipe. Tout le pays était derrière elle, même ceux qui ne suivaient pas la voile habituellement. »

    Sa devise : « on mérite ce que l’on a dans la vie. Je crois un peu au karma. Si on fait quelque chose de bien, si on est bon ou gentil, des opportunités vont se présenter. J’ai de la chance, mais elle est méritée je pense. ».

  • 2007

    Kevin Peponnet

    AC40 & AC75 - Helmsman
    Kevin Peponnet
    2007
    AC40 & AC75 - Helmsman

    Issu d’une famille de grands marins, Kevin Peponnet s’est illustré sur de nombreux plans d’eau en 470 avant de rejoindre son ami Quentin Delapierre au sein du France SailGP Team en tant que régleur d’aile. Aujourd’hui, le marin basque, co-barreur de l’AC40 et de l’AC75 d’Orient Express Racing Team, réalise son rêve en participant à l’America’s Cup.  

    Chez les Peponnet, la voile est une histoire de famille. « Mon père, Daniel, était en Équipe de France de Voile. Il a fait de nombreuses compétitions internationales et a gagné plusieurs titres de Champion d’Europe en 470. Mon oncle, Thierry, est celui a le plus beau palmarès avec notamment deux médailles olympiques, dont une en or. Il a également participé à deux campagnes de l’America’s Cup. Pour l’anecdote, on a tous les trois fait du 470 », rappelle Kevin Peponnet. Pas étonnant que ce dernier se lance dans la compétition dès son plus jeune âge. Originaire de Socoa, au Pays Basque, il tire ses premiers bords à l’âge de six ans au Yacht Club Basque, où il fait ses classes. « A l’époque, je faisais beaucoup de tennis, du surf aussi. J’alternais entre le surf et la voile mais à un moment, il a fallu choisir. Mon père a sûrement orienté mon choix, mais je n’ai aucun regret », poursuit celui qui débute par l’Optimist et glane plusieurs titres de Champion de France avant de suivre un parcours classique en dériveur. Très vite, il s’oriente vers l’équipage, le 420 d’abord, et quitte son Pays Basque natal à 16 ans pour La Rochelle. Là-bas, il intègre un lycée en sports études, puis le Pôle France en 470. « C’est là où j’ai vraiment accroché. Avec Julien Lebrun, mon équipier, on a assez vite obtenu de bons résultats, dont un titre de Champions de France et un de Champions d’Europe Junior. J’ai gagné une médaille de bronze sur un autre Championnat d’Europe avec un autre équipier ». Alors qu’ils butent aux portes de la 20e place en Senior, l’équipier de Kevin décide de se concentrer sur ses études. Kevin essaie alors d’en trouver un autre, sans succès. Il se tourne alors vers d’autres projets. « J’ai fait une saison de J80. C’est là que j’ai connu Quentin (Delapierre). On était sur deux bateaux différents mais on a partagé la même maison sur un Championnat d’Europe qu’il a remporté. On s’est super bien entendus. On a le même âge. Chaque année, on participait au Championnat de France de Match Racing et de flotte collective que j’ai remporté à plusieurs reprises, dont une finale contre Quentin, Corentin Horeau et Matthieu Salomon en 2014. Ça les avait bien agacés ». Ce même été, ils participent ensemble au Championnat du Monde de SB20 à Saint-Pétersbourg. Ils terminent 3e. De là naît une belle complémentarité, une belle amitié, aussi. « On a enchaîné sur quatre ans de Tour Voile ensemble. On a gagné le premier en amateurs, puis le deuxième au scratch avant de faire une contre-performance l’année suivante et de le gagner à nouveau en 2018 ». En parallèle, ils continuent de régater en Match Racing.  

    Fin 2017, Jérémie Mion, qui cherchait un barreur pour se relancer sur une préparation olympique en 470, le contacte. Les deux hommes se lancent à l’assaut des Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Ensemble, ils gagnent le Championnat du Monde en 2018 et accrochent plusieurs podiums européens, dont une victoire sur le Championnat d’Europe 2021, la dernière épreuve avec les Jeux. « Ça nous avait bien boosté mais malheureusement, on est passé à côté en terminant 11e. C’était une grosse déception. Les mois qui ont suivi ont été assez durs, surtout que cette olympiade avait été assez longue à cause du Covid-19. Les titres, c’était du bonus. Notre objectif était la médaille olympique ». A Enoshima, Kevin et Quentin partagent une nouvelle fois la même chambre. « On parlait de SailGP sans se projeter. On se disait que ça serait top d’avoir un jour l’opportunité de naviguer sur ces bateaux. Quelques mois après, il a été contacté », raconte-t-il. Au début de la saison 3, l’opportunité se présente pour Kevin, qui remplace Leigh McMillan au réglage d’aile du F50 tricolore. « J’étais reparti pour une nouvelle olympiade avec Aloïse Retornaz, le 470 étant devenu mixte. On avait été sacrés Champions de France et on avait fait un podium sur la Coupe du Monde à Palma de Majorque. Côté personnel, j’allais devenir papa. On a décidé de mettre un terme à notre préparation olympique. Ce n’était pas une décision facile à prendre, surtout que les Jeux se disputeront en France. Je pense que l’été prochain, j’aurai un petit pincement au cœur, mais je ne regrette pas du tout. Je me pince tous les matins, on vit un rêve, une expérience de dingue ». 

    Diplômé de l’INSA qu’il a débuté à Rennes et terminé à Lyon, Kevin, ingénieur en matériaux de formation, est un véritable passionné de sciences qui aime « manipuler les chiffres ». Une appétence qui lui sert au quotidien dans sa carrière de marin et notamment dans le développement de l’AC75, sachant que les bateaux sont « bourrés de capteurs » et que la voile est « un sport mécanique avant tout ». « La Coupe est un défi technologique et mécanique avant d’être un défi humain. On dit souvent que la meilleure équipe sur un bateau qui n’est pas performant ne gagnera jamais la Coupe, mais qu’à l’inverse, une équipe de jeunes motivés qui montent sur le bateau le plus performant peuvent la gagner », avance celui qui a souhaité travailler en parallèle de sa carrière de naviguant. Chez Incidences pendant un an et demi à La Rochelle où il avait un contrat aménagé avec une convention d’insertion professionnelle, puis à la SNCF à Marseille quand il est allé rejoindre Jérémie Mion pour leur préparation olympique. « J’avais intégré le dispositif d’athlètes SNCF en tant qu’ingénieur réseau. J’ai toujours trouvé ça bien de ne pas faire que de la voile, d’avoir d’autres centres d’intérêts et de valoriser mon diplôme ». Aujourd’hui, Kevin est installé à Barcelone avec sa compagne et leur fils de 15 mois, dont Quentin Delapierre est le parrain.  

    Quelle est ta devise ? : « C’est à la fin de la foire que l’on compte les bouses ! »  

    Qu’est-ce que l’America’s Cup représente pour toi ? : « C’est est un rêve ! On en parle à tous les repas de famille. J’avais des étoiles plein les yeux quand je demandais à mon oncle de me raconter ses médailles olympiques, les manches décisives, l’intensité d’une campagne d’America’s Cup, de m’expliquer comment ça se passe dans une grande équipe. J’ai été bercé par ces histoires. Je partais du principe que pour faire SailGP ou la Coupe, il fallait d’abord récolter une breloque olympique. C’est pour ça que j’ai fait de l’olympisme. Pour moi, c’était une étape. Je n’ai pas eu de médaille mais finalement, l’opportunité s’est présentée quand même. C’est un rêve que je réalise, au sein d’une équipe française qui plus est ».  

    Quel est ton plus beau souvenir de l’America’s Cup ? : « J’en ai deux. Le premier est assez vieux mais je m’en souviendrai toujours : la 32e America’s Cup à Valence, celle où il y avait le plus grand nombre de défis. Mon oncle était barreur du Défi français. Il nous avait invité sur la base d’Areva. J’avais des étoiles plein les yeux. C’est là que j’ai rencontré Stefan Kandler. Mais celle qui symbolise le plus ma devise, c’est celle de 2013. Les Américains avaient fait un come-back à San Francisco contre les Néo-Zélandais. Ils avaient gagné 9-8 alors qu’ils étaient menés 8-1. J’étais comme un fou derrière mon écran. » 

  • 2006

    Matthieu Vandame

    AC40 & AC75 -Trimmer
    Matthieu Vandame
    2006
    AC40 & AC75 -Trimmer

    Fort d’une solide expérience sur de multiple supports, Matthieu Vandame a rejoint l’équipage d’Orient Express Racing Team en tant que régleur. Une belle opportunité pour celui qui occupe également le poste de grinder à bord du F50 du France SailGP Team.  

    Matthieu Vandame découvre la voile à la Cataschool de Larmor-Baden (Morbihan). Il a onze ans. A la fin du stage, la monitrice inscrit « fin barreur » sur son carnet FFVoile. « La condition pour intégrer le club était d’avoir un bateau car il n’y en avait plus de disponible. Mon père avait acheté un catamaran similaire à destination de mon frère, au départ. J’ai donc pu rejoindre la Cataschool », commente Matthieu Vandame. Sur place, il côtoie tout un groupe de jeunes très compétiteurs. Parmi eux : Matthieu Souben et un certain François Morvan, avec qui il naviguera pendant 15 ans d’affilée. Ensemble, ils font leurs débuts sur les Championnats de France Espoir en KL 15.5, qu’ils gagnent en 1998. « On est passés au Hobbie Cat 16. On a terminé 3e au Mondial Senior un an plus tard », poursuit celui qui a toujours joué le rôle d’équipier. Le duo se tourne ensuite vers le Tornado. « On était trop jeunes. La FFVoile a demandé que l’on passe notre bac avant d’avoir le droit d’accéder à cette série olympique alors que l’on avait de meilleurs résultats que nos copains qui sont passés en série olympique ». En 2002, cette dernière les équipe en matériel. « On a fait beaucoup de Tornado en Équipe de France Jeunes. On commençait à se rapprocher de l’Équipe de France, jusqu’à ce que le CIO décide de retirer le support pour Londres 2012 ». En 2005, François se blesse alors qu’ils devaient faire une grosse session d’entraînement à Cadiz (Espagne). « Il n’a pas pu naviguer pendant six mois. On a essayé de faire au mieux à son retour mais ça n’a pas été simple. J’ai donc décidé de passer mon concours de professeur des écoles l’année suivante pour être indépendant financièrement. Je l’ai eu en quelques mois et je me suis installé à Rennes ». Ce qui ne l’empêche pas de naviguer de plus en plus en F18.  

    En 2012, il s’associe à Olivier Backes. Les deux hommes gagnent le Championnat du Monde en Phantom. « On a tout gagné avant l’arrivée du Nacra 17 aux Jeux. Ce support étant mixte, on n’a pas pu continuer ensemble ». Matthieu s’associe donc à Audrey Ogereau. Ensemble, ils décrochent la médaille d’argent au Mondial ISAF en décembre 2014. « On a fait quelques bons résultats. On était plutôt rapides, mais Billy (Besson) et Marie (Riou) dominaient la série et il n’y avait qu’une place pour les JO ». L’heure vient pour lui de tourner la page du Nacra 17. A la ville, il est toujours instituteur. En 2015, le Tour Voile passe en Diam 24. « A l’époque, j’étais un peu l’équipier modèle pour ce type de bateaux. J’ai eu plusieurs propositions mais j’ai choisi Spindrift, où j’ai retrouvé François Morvan, Yann Guichard et Xavier Revil, qui venaient tous du Tornado. C’était un gros projet, avec des moyens ». Cette même année, il gagne le Tour Voile et les autres régates auxquelles il participe. A la fin de l’année, Franck Cammas, avec qui il était en Équipe de France en Nacra 17, lui propose de passer des tests physiques. Deux jours plus tard, il est embauché par le Groupama Sailing Team pour l’America’s Cup, qui se dispute aux Bermudes en 2017. En parallèle, il est responsable du projet GC32 de Groupama, et naviguant à bord. « Je suis resté chez Groupama jusqu’à l’été 2017. C’était une super expérience. C’était intéressant de travailler avec Franck, qui est ultra pertinent, qui s’interroge tout le temps. Un projet Coupe demande énormément d’investissement et de temps et un a un gros impact d’un point de vue familial, mais j’ai eu la chance de pouvoir le faire. On a gagné deux courses, ce qui est plutôt un bon résultat car les équipes en face avaient un budget au moins cinq fois plus important ». Fin 2017, Franck Cammas souhaite relancer un projet Coupe, qui n’aboutit pas. Au même moment, Mathieu rencontre Thomas Coville et intègre le Team Sodebo en 2018 tout en continuant à naviguer en GC32 avec Franck Cammas. « J’ai pas mal navigué avec Sodebo, jusqu’à la tentative de Trophée Jules Verne fin 2019 - début 2020. Cette expérience au large sur un gros bateau était top. Le projet était super intéressant. On a gagné Nice UltiMed en 2018 ». Il enchaîne sur du TF35 avec Billy Besson et François Morvan sur Ylliam XII Comptoir Immobilier, avant de rejoindre le France SailGP Team quand Billy Besson lui propose de l’aider à monter l’équipe pour la saison 2019. Après une première saison au poste de régleur d’aile, il passe grinder en 2021 après la crise sanitaire. « On a fait pas mal de belles courses après l’arrivée de Quentin Delapierre et signé quelques victoires ».  

    S’il continue d’officier en tant que grinder au sein du France SailGP Team, Matthieu Vandame rejoint Orient Express Racing Team au début du projet. « Le projet Coupe avec Groupama était le meilleur que j’avais fait. J’ai dit oui car ça reste toujours une super expérience exceptionnelle. C’est un projet d’un an et demi, plus court que le dernier ». Pas toujours simple en effet, quand on est père de deux enfants, de concilier projet sportif et vie de famille. « Ma compagne est prof d’histoire - géo à Rennes et n’a pas pu s’absenter, vu le lancement tardif du projet. On essaie de s’arranger pour qu’ils viennent à Barcelone pendant les vacances scolaires. Je rentrerai aussi de temps en temps le week-end quand ça sera possible ».  

    Quand il ne navigue pas, Matthieu Vandame consacre un maximum de temps à sa famille. « J’essaie de passer le plus de temps possible avec mes enfants, de les accompagner à leurs activités. Ma fille Nina, qui a quinze ans, fait beaucoup de kayak au Pôle France. Mon fils Alec, qui a huit ans, adore le sport et fait toutes sortes d’activités. Il a testé le kayak, qui est un sport de pleine nature comme la voile, et fait un peu plus de basket. J’essaie de leur laisser leur liberté et de les accompagner dans leurs choix. Mes journées sont aussi rythmées par la préparation physique. J’en fais pas mal quand je suis chez moi. Je n’ai pas spécialement envie de faire du bateau quand je rentre. J’ai juste envie de m’assoir dans un canapé et de passer du temps en famille ».  

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    Maxime Guyon

    AC75 - Power Sailor
    Maxime Guyon
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    AC75 - Power Sailor

    Premier Français à avoir été sacré Champion du monde de crossfit en 2021, Maxime Guyon participera à l’America’s Cup en tant que cycliste sur l’AC75 Orient Express Racing Team. Une grande première pour le Finistérien d’adoption, qui aborde la compétition avec beaucoup d’envie et de motivation.

    Rien ne prédestinait Maxime Guyon à participer un jour à une compétition vélique. A l’America’s Cup encore moins. Enfant, il assiste pourtant à quelques régates pendant ses vacances, dont le Spi Ouest-France et la Route du Rhum. Mais son choix se porte sur le football, puis les arts martiaux et la boxe. « Je regardais tout ça un peu de loin, ni avec un œil de spécialiste ni de passionné, mais j’y ai peut-être pris goût inconsciemment ».

    Né à Rennes, il quitte sa Bretagne natale et déménage beaucoup au gré des affectations professionnelles de ses parents, puis des siennes. « J’ai passé le concours de Gendarmerie pendant mon service militaire. J’ai exercé pendant 22 ans le métier de gendarme, ce qui m’a amené à bouger un peu partout en France », explique Maxime Guyon. Au cours de sa carrière, il a l’opportunité de reprendre ses études. Un BTS en comptabilité en poche, il revient aux métiers de l’intervention professionnelle avant de quitter la gendarmerie en 2021. « Les planètes étaient alignées, c’était le bon moment. J’avais fait le tour des postes qui m’intéressaient en intervention et je me projetais plus difficilement dans un avenir dans ce métier », indique-t-il.

    En parallèle de sa carrière, Maxime atteint un niveau national en taekwondo avant de basculer dans la cellule sports de combat dans l’unité dans laquelle il exerce. Touche à tout, il pratique également d’autres disciplines, dont le parapente ou le speed flying. Le surf et le bodyboard, aussi. « J’avais des problématiques d’horaires pour pratiquer les arts martiaux car avec mon emploi du temps, ce n’était pas facile de trouver des collègues très tôt le matin ou très tard le soir. Je n’ai pas fait beaucoup de compétition car j’ai préféré me consacrer à mon métier, qui était très prenant et intéressant », raconte celui qui se tourne ensuite vers le crossfit, une discipline très complète. « J’y ai retrouvé la même intensité de pratique avec une autonomie indispensable par rapport à mon travail. Et ça me permettait d’être performant dans mon domaine professionnel, dans lequel il fallait être suffisamment lucide pour exécuter un mouvement fin. J’avais des décisions importantes à prendre, arme en main. ».

    Cinq ans après avoir découvert le crossfit, il devient le premier Français à s’adjuger le titre mondial dans la discipline, ce qui lui ouvre les yeux sur d’autres horizons. «J’ai découvert une formation sur le coaching en accompagnement de la performance humaine. Ça m’intéressait beaucoup de comprendre comment on peut aider mentalement les gens à atteindre leur objectif, de les accompagner dans leur démarche. C’est un domaine très riche et sous-estimé depuis des années, qui commence à se développer. Ça rejoignait l’état d’esprit que j’avais dans la gendarmerie. Ça m’a donné envie de me lancer », poursuit-il.

    C’est lors de cette formation à l’École nationale de voile et des sports nautiques (ENVSN) que Maxime rencontre Bruno Dubois. « Il nous a parlé des bateaux volants, des nouvelles courses au format beaucoup plus intense et rapide que les courses au large, mais aussi de l’America’s Cup. J’ai tout de suite été fan. En l’entendant en parler, je me disais que je ferais tout pour y participer si l’opportunité se présentait un jour ». Quelques mois plus tard, le rêve devient réalité. Maxime passe les sélections et intègre l’Orient Express Racing Team. Un vrai tournant dans la carrière de sportif de celui dont l’expérience en voile se limite à un peu d’Optimist et de 420, ainsi qu’à quelques navigations « plaisir » en Bretagne et en kitesurf. « J’ai arrêté le crossfit car je fonctionne par objectif. Je n’ai jamais eu envie de me dissiper dans ma pratique au risque de ne pas être performant. Je veux m’investir à 100% dans la Coupe, et pour cela, il faut être rigoureux et discipliné ». Basé à Pont-L’Abbé dans le pays bigouden, Maxime, marié et père de trois ans enfants, s’entraîne quatre à cinq heures par jour. Au programme : séances de vélo, travail sur l’endurance, l’explosivité, la mobilité, le renforcement musculaire et la force. « On développe des qualités qui se rapprochent des besoins du bateau, pas de ceux d’un cycliste sur route ou piste. On a une approche globale de l’entraînement, avec des séances de relaxation après. On fait attention aussi à l’alimentation. Il y a tout un ensemble de choses à travailler », détaille-t-il. « J’ai un diplôme de préparation physique et mentale. Ça permet d’être autonome et de comprendre ce qu’il se passe. Et puis on peut contacter Kilian si besoin ».

    Date de naissance : 29 août 1978
    Lieu de naissance : Rennes (Ille-et-Vilaine)
    Sa devise : « Seul on va vite, ensemble on va plus loin »
    Son meilleur souvenir de l’America’s Cup : « Je n’ai pas suivi les éditions précédentes mais j’ai regardé pas mal de reportages et je me suis documenté depuis ma sélection. Donc je dirais la victoire d’Australia II contre les Américains en 1983. Ils avaient révolutionné les choses avec la quille à ailettes qu’ils avaient gardée secrète jusqu’au dernier moment. Ils avaient un ingénieur qui sortait des sentiers battus et avait réussi à innover. »
    Ce que l’America’s Cup représente pour lui : « C’est quelque chose de grandiose, d’incroyable, le plus vieux trophée au monde. Et mon prochain objectif, même si je n’avais jamais pensé pouvoir y participer un jour. C’est aussi un défi par équipe au sens large : le shore team, les navigants, les ingénieurs qui travaillent depuis des mois, voire des années, et toute l’équipe autour. La dynamique collective qui se met en place fait plaisir. La motivation se décuple. J’ai travaillé 22 ans en équipe. J’ai vécu des situations extrêmes, très intenses. Quand il est question de vie ou de mort, il faut pouvoir compter sur ses coéquipiers. C’est un peu la même chose que l’on vit sur un bateau, la même cohésion. Il faut faire 100% confiance à ses coéquipiers. »

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    Olivier Herlédant

    AC75 - Power Sailor
    Olivier Herlédant
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    AC75 - Power Sailor

    Grand spécialiste du Match Race, Olivier Herlédant n’en est pas à sa première America’s Cup. Le Breton d’origine s’apprête en effet à participer à la prestigieuse compétition pour la 3e fois de sa carrière, en tant que cycliste à bord de l’AC75 Orient Express Racing Team.

    Originaire de Concarneau, Olivier Herlédant ne grandit ni les pieds dans l’eau, ni dans une famille de voileux. Suite au divorce de ses parents, il déménage en région parisienne. Il a cinq ans à peine. Le sport, il le découvre d’abord par le biais du basketball « parce qu’il était grand » et du handball scolaire, avant de commencer la voile à l’âge de six ans. « Je passais mes étés à Concarneau. Mon père s’était mis à la voile et avait acheté un petit bateau de croisière. On partait le week-end aux Glénans », raconte Olivier, qui découvre la compétition sur le tard, pendant ses années lycée. Trophée des lycées, Championnat de France UNSS en Laser : Olivier participe à une dizaine de régates avant son 20e anniversaire et à quelques entraînements d’hiver sur croiseur avec son club de Concarneau. Il met ensuite la voile sur pause pendant ses deux années de classes préparatoires, qu’il effectue à Paris.

    Ce n’est qu’en arrivant à Nantes, où il intègre l’École Centrale, que débute réellement sa carrière de marin. « J’ai fait mon premier week-end de navigation à Pornichet avec la section voile de l’école à l’APPC. Suite à cela, ils m’ont proposé de revenir pour passer des tests avec l’équipage de Match Race de Mathieu Richard, qui cherchait un embraqueur de mon gabarit. Ça s’est bien passé. Ils m’ont formé car je n’avais pas fait la filière de haut niveau », indique-t-il. En découlent ensuite une quinzaine d’années de Match Race et de Tour Voile avec Mathieu Richard. Au passage, il accroche deux titres de vice-champion du monde à son palmarès. Olivier n’en oublie pas les études pour autant puisqu’il fait un Doctorat à Nantes au sein du laboratoire de mécanique des fluides de l’École Centrale de Nantes à la fin de son cycle d’ingénieur. Sa thèse, qui lui offre la souplesse de régater à côté, repousse le choix cornélien qu’il doit faire : entrer dans le monde du travail ou se consacrer à la voile. « J’ai pu étaler ma thèse dans le temps, ce qui m’a permis de faire ma première America’s Cup en 2007 avec China Team, ex-équipe française devenue chinoise. C’était un super projet pour des jeunes comme nous sportivement parlant, même s’il n’était pas à la hauteur de l’autre projet français. C’était une super première expérience. On avait plein de responsabilités », raconte-t-il. Olivier continue aussi de régater sur le World Match Racing Tour. « On faisait partie des meilleurs mondiaux. On avait un équipage très stable, un noyau dur de quatre-cinq personnes autour de Mathieu complété par quelques personnes aux profils divers et variés qui nous ont apporté leur fraîcheur et leur expérience ».

    Quand Mathieu Richard décide de mettre un terme à sa carrière de sportif de haut niveau pour se consacrer au coaching en 2015, Olivier cherche un nouveau projet pour rebondir et fait un Tour Voile avec Jérémie Beyou l’année de l’arrivée du Diam 24 et avant de faire son retour sur l’America’s Cup. « A l’automne, Franck Cammas, qui cherchait un grinder pour son projet sur l’America’s Cup avec Groupama, m’a appelé. On a passé près de deux ans à naviguer ensemble, jusqu’à la fin du projet en 2017. Ça m’a permis de passer à un autre niveau par rapport au projet chinois, avec Franck comme moteur. C’était super impressionnant et enrichissant de voir comment il faisait avancer le bateau, réfléchissait. Son approche très cartésienne m’a plu, je me suis pris au jeu », poursuit celui dont l’expérience en multicoques se résumait à quelques expériences en ORMA de manière très ponctuelle avec Bertrand de Broc.

    Après l’America’s Cup aux Bermudes, Olivier connaît une période de calme avant de reprendre du service sur le projet Norauto en GC32, toujours avec Franck Cammas. « On a continué à faire du foil ensemble pendant une saison et demie. A l’époque, c’était la flotte la plus compétitive en foiler, c’était enrichissant », avance-t-il. Si l’aventure prend fin en 2019, un nouveau chapitre s’ouvre pour Olivier, qui continue d’écrire son histoire sur le circuit SailGP en tant que grinder avec Billy Besson d’abord, puis Quentin Delapierre. L’arrivée de ce dernier il y a deux ans apporte un nouveau souffle au team français, qui affiche un nouvel état d’esprit et de nouvelles méthodes de travail. « SailGP conjugue ce que je préfère et ce qui est le socle de ma carrière : la technologie de l’America’s Cup et la monotypie. C’est génial de se battre à armes égales sur des Formule 1 des mers qui sont malléables. Les F50 sont des versions un peu améliorées des anciens bateaux de la Coupe, plus faciles à manœuvrer, plus fiables et plus rapides. On prend beaucoup de plaisir à naviguer dessus ». Sur le circuit, sa capacité à analyser les datas avec un certain recul scientifique est un atout non négligeable pour le France SailGP Team.

    Quand il entend parler du projet Orient Express Racing Team, Olivier n’est pas sûr d’y avoir sa place. « Ce qui m’inquiétait, c’était ma capacité physique. Ils avaient déjà avancé sur les postes de la cellule avant et sur les producteurs d’énergie. Mais avoir les meilleurs chiffres en wattage ne fait pas tout. Il faut aussi réussir à réduire la consommation totale d’énergie produite par les cyclistes. J’espère pouvoir compenser ce que je n’apporte pas en watt par autre chose », lance celui qui s’est lancé dans une préparation physique adaptée, plus complète et exigeante que pour son poste de grinder sur SailGP. Quand il ne s’entraîne pas, Olivier, qui vit toujours à Kerlaz (Finistère), travaille sur les données de l’AC40. L’objectif : s’immerger dans le projet et être prêt dès que le team recevra son AC75. Il passe aussi du temps en famille avec sa femme et ses filles, à qui il a transmis le virus de la voile « même si elles préfèrent la voile loisir ». Il aime également jardiner et bricoler dans sa maison, aller à la pêche et faire quelques petites croisières quand son emploi du temps bien chargé le lui permet.

    Date de naissance : 4 juillet 1980
    Lieu de naissance : Concarneau

    Sa devise : « Herlédant, le couteau entre les dents. »

    Ce que l’America’s Cup représente pour lui : « C’est le nom qui résonnait dans ma tête sans trop savoir ce que c’était, le graal de la voile. Je me souviens avoir vu un reportage pendant ma prépa (classes préparatoires) un reportage sur l’équipe française engagée dans la Coupe dans les années 2000. Je l’ai encore en tête. Quand j’ai eu l’opportunité de m’en rapprocher et d’y participé, j’ai sauté dessus. C’était un rêve. »

    Un souvenir précis de l’America’s Cup : « Le match que l’on a gagné en 2017 contre les Suédois (Artemis Racing). Ça fait partie du Top 3 des plus grosses joies sportives de ma carrière car ils étaient plus forts que nous sur le papier. Ils avaient un budget supérieur au nôtre et leur préparation avait été plus longue. Ils marchaient beaucoup mieux que nous, mais on a réussi à élever notre niveau de jeu, chacun à notre poste, et fait du mieux que l’on pouvait. J’ai gardé mon tracé cardiaque. Chacun était allé au bout de lui-même. C’était le premier match que l’on gagnait, une délivrance de réussir à offrir une victoire à l’équipe technique, aux ingénieurs et à l’équipe communication. »

     

     

  • 1797

    Quentin Delapierre

    Skipper - Pilote AC40 & AC75
    Quentin Delapierre
    1797
    Skipper - Pilote AC40 & AC75

    Etoile montante de la voile internationale, Quentin Delapierre a su s’imposer comme l’un des meilleurs régatiers de sa génération. Le Vannetais sera à la barre de l’AC75 Orient Express sur la 37e America’s Cup, qui se disputera à Barcelone (Espagne) en 2024. Une opportunité rare et une belle reconnaissance pour le marin, aussi talentueux que déterminé.

    Fils du windsurfer Jean-Philippe Delapierre, Quentin Delapierre baigne depuis petit dans la compétition. Natif de Vannes, il débute la voile à l’âge de six ans à la Cataschool de Larmor Baden, où il se découvre une vraie passion pour la voile, « sport soumis aux éléments, qui offre de belles sensations de glisse ». En parallèle, il fait de l’escrime, du football et un peu de tennis. « J’ai dû choisir entre l’escrime et la voile. J’avais un bon niveau dans les deux disciplines. J’ai opté pour la voile car chaque navigation est différente. On peut redécouvrir son sport chaque jour et s’amuser. J’ai eu très vite envie d’en faire mon métier », confie Quentin Delapierre. Touche à tout, il pratique aussi le vélo, le wingfoil et les sports de montagne. 

    Après des débuts en catamaran de sport, il se lance dans l’olympisme, et intègre le Pôle France de Brest en Laser. Une blessure aux chevilles met un terme à son ascension. Le jeune marin se lance alors dans un Master 1 en Management du sport avant de rejoindre le Team Sodebo en tant que responsable de la cellule Performance de Sodebo Ultim en 2014. Une expérience aux côtés de Jean-Luc Nélias qui lui permet d’apprendre beaucoup, notamment en matière d’analyse des données « Mon expérience et mes sensations d’athlète m’ont aidé à me poser les bonnes questions pour aller chercher les données permettant de progresser très rapidement ».

    En parallèle, Quentin continue de régater et monte plusieurs projets, en J80 d’abord, avec un titre de Champion d’Europe en 2014 à la clef. Il se tourne ensuite vers le Match Racing puis le Tour de France à la Voile de 2015 à 2018 avec Kevin Peponnet. Là encore, le succès est au rendez-vous, avec deux victoires (2016 et 2018) en quatre campagnes. « Kevin est reparti dans l’olympisme en 470. Ça m’a donné envie d’y retourner. L’opportunité s’est présentée en Nacra 17 quand Manon Audinet a décidé de changer de barreur », détaille-t-il. Le duo trouve ses marques rapidement, progresse vite et s’adjuge une victoire en Coupe du Monde un an après son association. Sélectionné pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020, il termine 4e aux Championnats du Monde et décroche l’argent au Championnat d’Europe de Nacra 17 en 2020. Déçu de leur 8e place à Tokyo, un résultat en deçà de l’objectif qu’il s’était fixé, Quentin prend le temps de la réflexion pour analyser ce qui n’a pas fonctionné. Une étape nécessaire pour pouvoir rebondir, et se faire plaisir à nouveau sur un bateau.

    A l’automne 2021, son parcours prend un nouveau tournant quand Bruno Dubois l’appelle pour lui offrir la barre du F50 du France SailGP Team. Un beau challenge, les Français étant alors les derniers au classement. Un an et demi et deux victoires plus tard au compteur, Quentin est fier du travail accompli avec toute l’équipe.

    Pilote du F50 tricolore sur le circuit SailGP, Quentin Delapierre sera à la barre de l’AC75 Orient Express sur l’America’s Cup. Un rêve de gosse qui se réalise. « Les JO et la Coupe me faisaient vibrer, enfant. Je regardais ça avec des étoiles dans les yeux. L’America’s Cup a un côté magique. C’est le plus vieux trophée sportif au monde et les bateaux sont magnifiques. Je m’étais mis en tête qu’il fallait performer sur SailGP pour avoir une chance d’être sélectionné. Depuis toujours, je fais tout pour réaliser mes rêves », raconte-t-il. C’est désormais chose faite. « C’est une grande fierté, et une grosse responsabilité. Il y a une vraie ambition et une belle énergie dans cette équipe, qu’il faut faire fructifier. Aujourd’hui, je suis exactement là où je voulais être quand j’étais gamin. A moi de bien faire les choses et de performer ». Son rêve : inscrire un jour le nom de son pays, la France,  au palmarès de la prestigieuse compétition.

    Si à 31 ans, Quentin a déjà coché de nombreuses cases de sa Bucket List, il ne se ferme aucune porte pour l’avenir. « La régate au contact est ce qui me fait le plus vibrer. J’adore avoir ce type d’intensité, avec beaucoup de bateaux au contact dans un périmètre restreint. Mais la course au large m’attire aussi. Et si un jour j’ai l’opportunité de faire une médaille en olympisme, je ne m’interdis pas d’y retourner ». Pas étonnant quand on sait que le marin au parcours atypique multiplie les navigations, avec toujours la volonté de performer et de gagner. « Changer souvent permet d’apprendre à adapter ses sensations car chaque bateau est différent. Cela évite de tomber dans la routine, de chercher toujours le même type de réglage. Et cela permet de revenir avec une perception fraîche et nouvelle », ajoute celui qui a hâte que la Coupe débute, avec toujours la même quête de performance.

    Date de naissance : 17 juillet 1992
    Lieu de Naissance : Vannes (Morbihan- France) le 17 juillet 1992

    Qu’évoque l’America’s Cup pour toi ? 
    L’excellence dans notre sport

    Un souvenir d’America’s Cup ?
    La remontée des Américains à San-Francisco.

    Ta devise préférée ?
    Je n’ai pas de devise préférée.

    Ta ou tes qualités principales ?
    J’ai un esprit collaboratif, je fais confiance aux personnes qui m’entourent et aime travailler en équipe. Je suis un compétiteur dans l’âme et possède la faculté à me dépasser

    Ton ou tes défauts ?
    Peut-être trop exigent…

    Palmarès en bref

    SAILGP HIGHLIGHTS

      • 2023 : Winner Australia Sail Grand Prix I Sydney 
      • 2022 : 2nd Dubai Sail Grand Prix
      • 2022 : Winner Spain Sail Grand Prix I Cadix
      • 2022 : 2nd Denmark Sail Grand Prix

    CAREER HIGHLIGHTS

      • 2022: Vice World Champion GC32
      • 2019: Winner World Cup ENOSHIMA Nacra 17
      • 2022: 2nd World Championship - GC32
      • 2018: Winner of the « Tour de France à la Voile » Diam 24
      • 2018: Winner Nice Ultimed Sodebo Ultim’
      • 2016: Winner of the « Tour de France à la Voile » Diam 24
      • 2014: European Champion J8O
      • Winner Croatia Match Cup M32 Match Racing
      • 2020: 2nd European Championship nacra 17
      • 2021: 8th 2020 Olympic Games Nacra 17
      • 2020: 4th World Championship GEELONG Nacra 17
      • 2014: Podium World Championship Laser SB20

     

  • 2364

    Rémi Verhoeven

    AC75 - Power Sailor
    Rémi Verhoeven
    2364
    AC75 - Power Sailor
  • 2368

    Thibaut Verhoeven

    AC75 - Power Sailor
    Thibaut Verhoeven
    2368
    AC75 - Power Sailor
  • 2008

    Timothé Lapauw

    AC75 - Power Sailor
    Timothé Lapauw
    2008
    AC75 - Power Sailor

    Issu d’une famille de sportifs de haut niveau, Timothé Lapauw est un vrai compétiteur dans l’âme. Riche d’une grosse expérience en équipage, que ce soit en Match Racing ou sur des bateaux volants, il a rejoint l’aventure Orient Express Racing Team dès le début en tant que cycliste. Un rêve de gosse qui se réalise pour le benjamin des navigants.

    Né sur l’île de la Réunion, Timothé Lapauw déménage à l’âge de cinq ans en Métropole, près d’Antibes. Dès l’enfance, il baigne dans le sport de haut niveau. « Mon grand-père a fait trois fois les Jeux Olympiques en hockey-sur-gazon, il aurait pu y participer cinq fois s’il n’y avait pas eu la Seconde Guerre mondiale. Il est ensuite devenu coach du Stade Français et de l’Équipe de France. Ma grand-mère était en équipe nationale de Belgique de hockey-sur-gazon », indique celui dont le père a fait plusieurs préparations olympiques en 470 à l’époque de Thierry Peponnet, l’oncle de Kevin. « Ma mère a fait aussi du hockey-sur-gazon, et ma sœur était en Équipe de France de natation synchronisée », complète-t-il. Pas étonnant qu’il se lance lui aussi dans la compétition.  
     
    S’il fait un peu de rugby, son choix se porte sur la voile après avoir découvert l’Optimist avec son père à la Société des Régates d’Antibes à l’âge de sept ans. Très vite, Timothé, qui « grandit très vite et développe un gabarit trop important pour l’Optimist », change de support et se tourne avec succès vers le Match Racing. 

    Séduit par le format équipage, il trouve sa voie et enchaîne trois titres de Champion de France amateurs dans le Sud, où il navigue de 12 à 18 ans. En parallèle, il suit un parcours scolaire classique avant d’entrer en STAPS à Nice. A l’époque, il navigue avec d’autres jeunes sudistes, dont Robin Follin, avec qui il termine notamment 5e du Championnat du Monde Jeunes en 2015. « On a tous été contactés par des équipes professionnelles par la suite. J’ai tiré le gros lot en rejoignant Alinghi, qui cherchait un jeune de moins de 25 ans pour faire du GC32 », raconte-t-il. L’aventure, qui « lui apprend la vie », dure quasi huit ans.  
     
    Vainqueur des Extreme Sailing Series en 2016, il multiplie les projets, passe avec brio les sélections de Groupama Team France pour la Red Bull Youth America’s Cup en 2015 avec Robin Follin et remporte le classement Jeune et Amateur sur le Tour Voile en 2016 avec Team France Jeunes. En 2017, il participe à des entraînements en Bretagne à bord de l’AC45 tricolore avec Franck Cammas, Olivier Herledant et Matthieu Vandame. Une parenthèse qui lui permet d’acquérir de l’expérience précieuse à bord des bateaux qui ont servi de base aux F50 de SailGP. Tim enchaîne ensuite les bonnes performances et les victoires. Vainqueur des Extreme Sailing Series avec Alinghi en 2018, il remporte la 80e édition du Bol d’Or Mirabaud à bord du Décision 35 Mobimo avec un certain Thierry Douillard, avant d’être sacré Champion du Monde de GC32 en 2019.  

    Timothé continue ensuite d’engranger de l’expérience sur des bateaux volants, dont le TF35, puis rejoint le F50 du France SailGP Team à bord duquel il est grinder dès la première saison. A côté, il continue de naviguer en GC32 jusqu’à ce que le team suisse décide de faire son come-back sur l’America’s Cup. Timothé, « dans les petits papiers des Suisses », espère disputer la compétition avec Alinghi. La règle de nationalité en décide autrement. « En tant qu’étranger, la condition pour participer était d’avoir soit vécu en Suisse au moins 250 jours l’année précédente, soit avoir participé à la dernière Coupe sous les couleurs du pays. On a demandé une dérogation mais cela n’a pas fonctionné. On était deux Français dans l’équipe. Nicolas Charbonnier avait un contrat d’exclusivité avec eux, pas moi car je naviguais sur SailGP en parallèle. C’était un moment un peu triste, mais une belle page qui se tournait. Et en même temps, c’était génial car ça a coïncidé avec l’arrivée de Quentin au sein du France SailGP Team ». Suite à l’arrivée de ce dernier, l’équipe française rebondit et trouve une nouvelle dynamique.  

    En marge de SailGP, Timothé embarque dans l’aventure Orient Express Racing Team dès ses prémices et commence tout de suite à s’entraîner pour son rôle de cycliste, qui demande « une préparation un peu plus précise que pour son poste de grinder ». Selon lui, « c’est un challenge de se préparer pour la Coupe et de s’entretenir pour SailGP en même temps. Il faut faire attention de ne pas se blesser ».  

    Basé à Marseille jusqu’à l’été dernier, Timothé réside désormais à Barcelone, où il restera jusqu’à la fin de l’America’s Cup. Le peu de temps libre dont il dispose, celui qui a fait du piano dans sa jeunesse et un peu de pêche sous-marine, le consacre à sa famille. Il essaie également de se ressourcer dans la nature, ou en faisant du parapente. 

    Date de naissance : 9 juillet 1996
    Lieu de naissance : Saint-Denis (La Réunion) 

    Sa Devise : « Pas de gagne sans hargne, pas de réussite sans volonté ».  

    Ce que l’America’s Cup représente pour lui : « J’ai été bercé par l’America’s Cup depuis tout petit. C’est un objectif de vie. Certains rêvent de faire les Jeux Olympiques ou un tour du monde. Pour moi, ça a toujours été la Coupe. J’étais allé voir les Louis Vuitton Series à Nice quand j’étais petit. Et j’ai grandi avec Alinghi. Ils avaient tous fait la Coupe et parlaient de leurs souvenirs. J’ai toujours eu envie d’y participer et de la gagner. Sportivement, c’est l’évènement sportif le plus ancien avec l’avancée technologie la plus poussée. Il y a très peu de disciplines qui se questionnent autant en permanence pour faire avancer le sport. Le fait que les règles soient plutôt ouvertes permet des avancées technologiques monstrueuses qui peuvent ensuite être déclinées pour le grand public. » 

    Un souvenir précis de l’America’s Cup : « L’arrivée des bateaux volants à San Francisco en 2012 et la bataille entre les Américains et les Néo-Zélandais. Je me rappelle avoir regardé les régates avec mon père dans notre canapé. On avait assisté à une bataille de dingue sur des bateaux délirants. Il y a eu un vrai renouveau lors de cette édition, avec des bateaux plus rapides capables de se doubler plusieurs fois pendant les manches. » 

Women & Youth

Women & Youth

Entre le 22 août et octobre 2024, Barcelone accueillera non seulement les Challenger Selection Series, l'America's Cup Match entre le defender Emirates Team New Zealand et le Challenger victorieux, mais aussi la troisième édition de la Youth America's Cup (équipages mixtes âgés de 18 à 25 ans), et l'édition inaugurale de la Women's America's Cup, avec des équipages exclusivement féminins.

Women America's Cup

  • 2017
    Aloïse Retornaz
    2017

    Aloïse Retornaz, régleuse à bord de l’AC40 Orient Express – L’Oréal Racing Team

    Après une belle carrière olympique couronnée par une médaille de bronze en 470 aux Jeux Olympiques de Tokyo et un passage par SailGP, Aloïse Retornaz sera régleuse à bord de l’AC40 Orient Express – L’Oréal Racing Team pour la Women’s America’s Cup. En parallèle, elle s’investie aussi sur la base du team français pour la mise en place de process.

    Originaire de Brest, Aloïse découvre la voile à l’âge de six ans, dans la Rade, sur les traces de ses deux sœurs aînées. « Mes débuts ont été difficiles, dans le froid, le vent et l’humidité. J’étais du genre à avoir peur. Je n’ai pas trop aimé au début, mais mon père m’a beaucoup poussée et j’ai continué ». Le déclic, elle l’a un an après lors d’une compétition en Optimist. « J’ai vraiment accroché avec l’aspect compétition. J’aimais me bagarrer sur l’eau avec les copains, le côté jeu, le stress aussi. J’avais la boule au ventre avant de partir en régate. Ça m’a permis un peu de prendre mon envol car j’étais séparée de mes parents le week-end. On partait en déplacement pour aller jouer sur l’eau et faire la course tous ensemble. L’ambiance était top », se souvient celle qui fait de l’Optimist jusqu’à ses 11 ans avant de passer sur un plus grand support. « J’étais super grande donc après deux ans en Minimes, Maëlenne Lemaître, qui est un peu plus âgée que moi, m’a proposé de naviguer en double avec elle en 29er, avant de passer au 420 un peu moins de deux ans plus tard ».

    Mordue de voile, Aloïse n’en oublie pas les études pour autant et entre en Sports Études dès la 5e, toujours à Brest. Bonne élève, ses parents la laissent s’entraîner et régater à côté, ce qui lui permet d’intégrer le Pôle Espoir. En 2004, Faustine Merret vient dans son école avec sa médaille olympique. Aloïse se met à rêver des Jeux Olympiques.

    A la fin du lycée, elle est confrontée à un choix : poursuivre le haut niveau ou faire des études. Elle a la chance de pouvoir concilier les deux en entrant à l’ISEN, une école d’ingénieurs. Les résultats continuent de suivre sur le plan sportif avec plusieurs podiums internationaux. Les deux jeunes femmes sont alors détectées par la Fédération Française de Voile, et passent au 470. Après une expérience réussie chez les Jeunes, Aloïse change d’équipage en 2015 avant de s’associer en 2017 à Camille Lecointre, qui souhaitait reprendre la compétition après avoir eu son premier enfant. Championnes d’Europe en 2019, médaillés d’argent aux Jeux mondiaux militaires et vainqueurs de la finale de la finale de la Coupe du monde de voile, elles décrochent le titre de Marin de l’année 2019. Leur préparation olympique, rallongée d’un an à cause du Covid-19, leur permet de travailler ensemble, découvrir leurs points faibles et bien se préparer pour les Jeux Olympiques. Le travail paie puisqu’elles repartent du Japon avec une médaille de bronze autour du cou. « C’était un truc de fou et beaucoup de fierté. Sur le moment, tu ne réalises pas trop car cette médaille, c’est 15 ans de préparation, une spirale qui ne s’arrête jamais, un tourbillon d’émotions avec beaucoup de hauts et de bas, ce qui qui te drive au quotidien. Ce sont des moments de vie hyper forts dont je vais me souvenir toute ma vie. C’était hyper beau de pouvoir la partager avec tous ceux qui me suivaient ». De cette olympiade auréolée de succès, Aloïse garde plein de souvenirs et les anneaux olympiques qu’elle se fait tatouer sur son poignet deux semaines après son retour d’Enoshima, pour que « cette tranche de vie reste gravée ». Mais aussi un gros bagage sportif et technique. « Ça m’a surtout appris la persévérance, à ne jamais baisser les bras. J’ai vécu des variations d’émotions assez intenses avec des gros pics d’endorphine, des moments durs et de doutes. On fait aussi forcément beaucoup de sacrifices. Quand on fait une préparation olympique, il faut vraiment s’accrocher, ne rien lâcher et réussir à trouver un équilibre. C’est important d’avoir des moments où l’on profite. J’aime bien sociabiliser, voir du monde. Je suis contente d’avoir partagé plein d’aventures et de vacances avec des copains d’origine différentes au bout du monde, d’avoir pu découvrir d’autres cultures, d’autres manières de s’entraîner », détaille-t-elle, précisant que l’essentiel est de « surtout savoir être professionnelle et respecter l’autre quand on navigue en double, sans avoir besoin d’être meilleures amies ».

    En parallèle, elle passe les premières sélections pour le Women’s Pathway Program de SailGP. Retenue, elle ne rentre pas dans le programme d’emblée de jeu pour se concentrer sur les Jeux mais navigue à bord du F50 du France SailGP Team à Chicago en juin 2022. Un Sail Grand Prix dont elle se souviendra toute sa vie. « C’était hyper impressionnant niveau vitesse. C’est comme naviguer sur une Formule 1. SailGP m’a beaucoup appris niveau format de course. L’organisation et la logistique sont démesurées par rapport à l’olympisme, avec de grosses équipes techniques. Il faut apprendre à déléguer tout en essayant de maîtriser le maximum de paramètres possibles, et accepter de pas savoir tout sur tout. La répartition des tâches est très stricte. Il faut essayer de faire de son mieux dans le peu de temps imparti. J’ai beaucoup appris ». Malheureusement, le quota de femmes dans chaque team passe de trois à deux et Aloïse ne poursuit pas l’aventure. Un coup dur même si à côté, elle se prépare pour Paris 2024 avec Hippolyte Machetti, cette fois.

    Loin de se laisser abattre, Aloïse commence à rêver d’America’s Cup, son second rêve de gosse après les Jeux. « La semaine où j’ai appris que le règlement de SailGP changeait, j’ai regardé un documentaire sur Netflix sur la Coupe gagnée par les Australiens en 1983. Ça m’a remis des étoiles dans les yeux ». Après avoir échangé avec Stephan Kandler, elle se lance à la recherche d’un sponsor pour l’équipe féminine avec Paola Amar en vue de la Women’s America’s Cup. Le succès est au rendez-vous puisqu’elles réussissent à convaincre L’Oréal d’embarquer dans l’aventure. Sélectionnée en décembre dernier, la jeune trentenaire, qui a mis un terme à sa préparation olympique en juillet dernier, son partenaire ayant souhaité arrêter pour raisons personnelles, fait désormais partie de l’Orient Express – L’Oréal Racing Team. « Je vais travailler pour avoir ma place à bord et tout faire pour remporter cette première Women’s America’s Cup. Tout le monde aura sa chance vu que l’on se battra à armes égales ». Son rêve : voir un jour des équipages mixtes à bord des AC75 ou des futurs bateaux de la Coupe, la dimension physique étant moins prépondérante aujourd’hui. A côté, Aloïse continue d’engranger de l’expérience sur bateaux volants. La jeune femme, qui a fait l’acquisition d’un WASZP, navigue aussi en GC32, ET26 et en 69F. Elle remplace également une équipière blessée de septembre à novembre dernier en Nacra 17.

    Si sa carrière est bien remplie sur le plan sportif, Aloïse a fait le choix de travailler chez Arkea à côté grâce à un contrat aménagé pour sportifs de haut niveau. « C’est important pour moi, en cas blessure mais pas que. Ça me soulage d’avoir quelque chose à côté. Je continue mon projet sportif parce que j’ai envie et que ça me fait rêver, pas parce que je n’ai pas le choix. Ça m’apporte de la sérénité et un équilibre, et ça me permet de voir autre chose. Les sportifs sont souvent autocentrés sur eux, leur corps, la performance. C’est intéressant de mettre un pied dans le monde réel, de vivre plus simplement et aussi de gagner sa vie à côté ». Ingénieur dans le service informatique à ses débuts, elle officie désormais une cinquantaine de jours par an au sein du service communication de la banque, fortement présente dans le sponsoring sportif, en voile notamment. « C’est hyper intéressant car j’utilise mes compétences d’ingénieur dans la voile et le sponsoring, que j’ai appris dans la voile, dans mon travail ».

    Quand elle ne travaille pas et ne navigue pas, Aloïse, qui s’est installée à Barcelone, fait « pas mal de sports de glisse dont de la wing et des sports outdoor » et aime « passer du temps avec les copains et voyager ».

    Sa vision de la place de la femme dans le monde en général, et dans le sport en particulier : « On voit de moins en moins d’activités genrées en France aujourd’hui. Je ne me suis jamais sentie moins favorisée en tant que femme, même en école d’ingénieurs où j’étais entourée d’hommes. Dans la voile inshore, on assiste à une vraie ouverture. La première Women’s America’s Cup marque un vrai tournant et je suis hyper contente et fière de faire partie de cette aventure. La route est encore longue pour que la Coupe devienne mixte. A nous de montrer que l’on veut en être, que notre niveau peut être égal ou supérieur à celui des hommes, que l’on en est capables et que l’on en envie. Il faut continuer dans cette direction pour arriver à l’égalité. On y est arrivé dans l’olympisme, où il y autant de médailles chez les femmes que chez les hommes. Il faut que l’on se batte pour servir d’exemple aux petites filles, qu’elles se disent en nous voyant qu’elles peuvent être ce qu’elles veulent, être ingénieur, médecin, jouer aux jeux vidéo, faire de stratification ou n’importe quel sport. Il faut enlever les limites que l’on se met pour tendre encore plus vers la mixité, dans le milieu professionnel et dans le sport. »

    Date de naissance : 3 février 1994
    Lieu de naissance : Brest (29)

    Sa devise : « L’échec est la source de tous les succès. »

    Ce que l’America’s Cup représente pour elle : « Un rêve de gosse, d’une petite fille qui ne voyait pas de femmes à bord »

    Un souvenir précis de l’America’s Cup : « Le jour où ils ont annoncé une Women’s America’s Cup. »

     

  • 2177
    Amélie Riou
    2177

    Sur l’eau depuis l’âge de six ans, Amélie Riou, issue de la filière olympique, fait partie des navigatrices les plus talentueuses du moment. Tacticienne sur le F50 du France SailGP Team, la Finistérienne fait partie des régleuses d’Orient Express – L’Oréal Racing Team.

    Originaire du Finistère Nord, Amélie grandit à Lanmeur, à côté de Morlaix, dans une famille d’agriculteurs. Après six mois de gymnastique, elle tire ses premiers bords en Optimist à Locquirec à l’âge de six ans. « Chez nous, la voile est une histoire de famille. Ma grande sœur a commencé avant moi car nos cousins, qui étaient aussi nos voisins, en faisaient. Je l’avais accompagnée sur une compétition quand j’étais petite, ça m’avait donné envie de faire comme elle », se souvient-elle. Séduite par le support, elle poursuit sur cette voie et passe au Laser dès la 4e, trop grande pour rester en Optimist. « Je voulais faire plus de sport donc j’ai intégré le sports études de Kerichen, à Brest, en Laser Radial (ILCA 6). J’ai commencé à m’entraîner beaucoup plus. J’ai vraiment progressé et je me suis éclatée dans ma discipline », indique-elle. Sélectionnée pour représenter la France au Mondial ISAF en 2010, Amélie fait son entrée dans l’Équipe de France Jeunes, sans oublier pour autant ses études. « A la fin de la terminale, je ne savais pas trop ce que je voulais faire. Ça se passait bien à l’école, j’étais vraiment travailleuse mais je ne savais pas dans quelle direction aller. J’ai commencé à faire une prépa Maths Sup-Maths Spé mais même avec un emploi du temps aménagé, c’était dur de tout mener de front. Surtout que j’ai commencé à faire de gros blocs d’entraînements et de nombreux déplacements à l’étranger », poursuit-elle.
    Après une première année au cours de laquelle elle rate beaucoup de cours, Amélie décide d’entrer en faculté de mathématiques à Brest. A la fin de sa L2, la Fédération Française de Voile décide de regrouper toutes les filles qui font du Laser Radial au Pôle de La Rochelle. « J’étais la seule à Brest donc j’ai fait le choix de quitter la Bretagne et d’aller m’entraîner et continuer mes études là-bas. Je ne regrette pas le groupe nous a tiré vers le haut et j’ai pu faire mes premiers résultats à l’international, dont une 4e place à la World Cup de Palma en 2013 », avance celle qui, trouvant les mathématiques un peu trop abstraites, demande une équivalence pour passer en génie civil. En parallèle, elle mène une préparation olympique pour les Jeux de Rio 2016 mais la sélection lui échappe au profit de Mathilde de Kerangat, « un premier coup dur parce que l’on s’entraîne pour ça pendant quatre ans, et que l’on était assez proches en niveau ».

    Déçue, Amélie songe un temps arrêter la voile à la fin de cette olympiade. « Ça n’a pas duré longtemps. J’ai un peu réfléchi en profondeur. Je me suis dit qu’il devait me manquer quelque chose pour performer en solitaire et que courir en double pourrait m’aider à m’accomplir personnellement », confie-t-elle. Contactée par Billy Besson pour remplacer Marie Riou, Amélie fait six mois de Nacra 17 avec lui avant de se fracturer le péroné. « Je suis restée en stand-by pendant quasi cinq mois car ma rééducation s’est mal passée. J’ai dû me faire réopérer. Après, on a fait le choix de ne pas continuer ensemble car on n’était pas compatibles humainement ». Amélie navigue ensuite en double mixte avec Tim Mourniac, « une expérience qui ne porte pas ses fruits », Tim ayant décidé d’arrêter car il était trop compliqué pour lui de jongler avec ses études. Puis avec Moana Vaireaux, en remplacement de Manon Audinet. Mais elle décide d’arrêter au bout de quelques mois, sentant qu’elle ne va pas dans la bonne direction. « Je me suis à nouveau demandé si je voulais continuer la voile. J’ai arrêté quasi deux ans la voile olympique avec le Covid-19 et je me suis ouvert à d’autres projets en faisant les sélections pour le Challenge Océane de Région Bretagne CMB, où j’ai rencontré Lara Granier. J’ai navigué aussi un peu avec le Mirpuri Foundation Racing Team, managé par Bruno Dubois à l’époque et qui voulait monter une équipe pour l’Ocean Race». Amélie fait également le Tour Voile 2019 en Diam 24 avec La Boulangère. Une expérience qui lui permet de parfaire sa découverte de la voile professionnelle. « Lara m’a dit en rigolant pendant les sélections Océane, tu ne veux pas essayer le 49er FX, mais moi j’étais vraiment dans le questionnement de ce que je voulais. Ensuite il y a eu le Covid une période de gel que j’ai pris comme une réelle chance de mettre nos vies à 1000 à l’heure en stand-by et de véritablement savoir ce que je voulais. Lara est retournée au charbon après le Covid en me proposant des essais, cette fois ci j’ai dit oui pour les essais mais j’avais encore  en tête le projet de l’Ocean Race avec Mirpuri Foundation. Au final j’ai eu un coup de cœur pour elle et je me suis dit que c’était l’opportunité de reconstruire une préparation olympique plus sereine avec quelqu’un avec qui j’avais un vrai feeling humain » et la course au large, ça pouvait arriver dans un second temps. Amélie décline donc la proposition de Yoann Richomme et repart dans l’olympisme. A la même période, elle intègre le France SailGP Team sur SailGP, ce qui lui « apporte beaucoup de recul, du professionnalisme, et une grosse soupape ». Mais aussi une opportunité de « découvrir un autre projet et une manière de communiquer sur l’eau hyper précise et synthétique, et de voir aussi que les autres rencontrent des difficultés à performer », ce qui lui permet de prendre de la hauteur sur les siennes. « Cette expérience m’a beaucoup apporté et m’a montré qu’il faut toujours croire au process que l’on met en place pour éviter que le doute soit permanent ou s’installe trop souvent car beaucoup de gens gravitent autour de nous et donnent leur avis sur ce que l’on fait. C’est Quentin (Delapierre) qui m’a appris cette philosophie qui me porte et m’inspire, même si ce n’est pas toujours évident de la mettre en œuvre ». Lors d’une pige au sein du Team américain, Amélie remporte un SailGP. « Je ne suis pas du genre à être fière de moi, mais cette victoire avec l’équipe américaine a été une vraie satisfaction personnelle. Performer est quelque chose qui me tient vraiment à cœur ».

    L’America’s Cup, Amélie n’y pense pas jusqu’à il y a cinq ans. « Pour moi, c’était clairement quelque chose d’inatteignable, d’ouvert uniquement aux meilleurs marins masculins. Quand la compétition s’est ouverte à des projets féminines, c’est devenu un objectif et plus uniquement un rêve. J’étais déterminée à faire partie de ce projet et je suis très heureuse d’avoir réussi à l’intégrer ». Régleuse comme Manon Audinet et Aloïse Retornaz, Amélie ne sait pas encore si elle sera titulaire à bord de l’AC40, l’équipage ne comptant que deux navigantes à ce poste. « Être remplaçante sur la Coupe, ce n’est pas pareil que dans les autres sports collectifs. Tu n’attends pas sur le banc de touche. Il y a énormément de choses à faire à côté. Mon objectif est de naviguer sur le bateau mais je serai doublement investie si ce n’est pas le cas. J’ai tellement à apprendre et je suis toujours challengée par le côté apprentissage et compréhension des choses ».

    La suite, Amélie n’y pense pas encore. « J’aurais bien voulu être la première femme à faire SailGP, la Coupe et les Jeux la même année, mais malheureusement, ce n’est pas le cas car nous n’avons pas été sélectionnées pour Paris 2024. Quand on est issue de la voile olympique, on a les Jeux Olympiques dans les tripes. Je n’ai jamais compté le temps que j’ai donné ni les sacrifices que j’ai faits. La pilule est un peu dure à avaler car j’y suis allée avec mes tripes. Notre non-sélection a été un gros coup dur et une grosse remise en question en tant qu’athlète. D’un côté, je suis un peu en colère contre la décision, mais je me demande aussi si j’ai suffisamment de cordes à mon arc pour aller chercher de la haute performance ». Selon elle, il va lui falloir un peu de temps pour savoir dans quelle direction aller. « Ma philosophie est de garder toutes les portes ouvertes et de prendre ensuite une décision. Mes principaux moteurs sont l’envie et la passion. Si les curseurs sont un peu en dessous, ça ne sert à rien de repartir. Il faut que je sois animée par ce que je fais pour me sentir bien ».

    En dehors de la compétition, Amélie aime se ressourcer en Bretagne auprès de ses parents, dans « un milieu complètement différent de la voile », qui lui permet de couper. « Je fais aussi énormément de sport, que ce soit de la course à pied, du vélo, du cross-fit ou de la natation. Et j’ai en ligne de mire de faire un peu de triathlon pour me challenger différemment. Sinon, j’adore cuisiner, surtout pour les autres ».

    Date de naissance : 2 octobre 1992
    Lieu de naissance : Morlaix (29)
    Devise : « Toujours y croire. Il n’y a pas de limite, excepté nous-mêmes. »

    Ce que l’America’s Cup représente pour elle : « Se challenger auprès des meilleures navigatrices. Ça me vient vraiment à cœur que notre équipe ait toutes les armes pour aller performer et tire tout le monde vers le haut dans tous les domaines. Sinon, la Coupe des Challengers me fait rêver car elle réunit les meilleurs marins et le bateau est encore un step au-dessus de l’AC40. Ce n’est pas de la voile traditionnelle, c’est la nouvelle voile. Il faut vraiment être compétent dans d’autres domaines que ceux dont à l’habitude, comme l’ingénierie. C’est comme de la Formule 1. Je me concentre sur la Womens’ America’s Cup pour l’instant, mais dans un coin de ma tête, je me dis qu’il faut se battre pour avoir une Coupe mixte un jour. Et là on aurait bien progressé. »

    Un souvenir précis de l’America’s Cup : « Pour être honnête, je suivais ça de loin, c’était un rêve mais j’ai pas de souvenir précis. Depuis que c’est un objectif, je suis beaucoup plus. » 

  • 2018
    Audrey Ogereau
    2018

    Audrey Ogereau, membre de l’Orient Express – L’Oréal Racing Team sur la Women’s America’s Cup

    Issue de la filière olympique, Audrey Ogereau fait partie des sept femmes sélectionnées pour la Womens’ America’s Cup au sein de l’Orient Express – L’Oréal Racing Team. Un rêve qui se réalise pour l’ingénieur de formation, qui, en parallèle, a débuté la course au large l’an dernier.

    Audrey passe toute son enfance à Sautron, à côté de Nantes, où elle grandit de ses 2 à ses 18 ans. Très sportive, elle s’essaie à la gymnastique et au tennis, qu’elle pratique en compétition, ainsi qu’à la danse et au handball. Elle découvre la voile à l’âge de 11 ans, « ni trop tôt, ni trop tard », lors d’un stage d’été sur l’Erdre.  « Mes parents faisaient tous les deux de la voile mais ne voulaient pas me forcer. J’ai tellement accroché que j’ai commencé à faire des régates à droite à gauche en Optimist tous les week-ends. J’ai lâché les autres sports au fur et à mesure », se souvient-elle. A la sortie de l’Optimist, Audrey cherche un support lui qui permette « de naviguer en équipage tout en étant à la barre, au trapèze, et qui aille vite ». Son choix se porte sur le catamaran, qui réunit toutes ses exigences. Pendant deux ans, elle navigue avec Manon Audinet en Hobbie Cat 16. « On était les deux seules filles du circuit à avoir navigué à un haut niveau. Ça nous a permis de nous faire repérer. Quand l’annonce de l’arrivée du Nacra 17 aux Jeux Olympiques est tombée, on s’est fait recruter par des garçons, vu que le support était mixte », explique-t-elle.

    Audrey se lance alors dans une préparation olympique pour les Jeux de Rio 2016 avec Matthieu Vandame, mais sans succès.  « Le niveau était super élevé au sein de l'équipe française. Marie Riou et Billy Besson gagnaient tout et il n'y avait qu'une place pour les Jeux. Matthieu a décidé de basculer sur un autre projet en équipe pro. J’en ai profité pour terminer mon école d’ingénieur, EIGSI, que je faisais à La Rochelle. Je l’ai faite en sept ans au lieu de cinq, sans faire de voile les deux dernières années », indique-t-elle, précisant que pendant son cursus scolaire, elle a effectué son stage de 3e année au sein de Groupama Team France en tant qu’ingénieur systèmes mécaniques.

    Son diplôme en poche, elle débute sa carrière d’ingénieur à La Ciotat avant de faire le Tour Voile et Sailing Arabia The Tour en tant que barreuse du Diam 24 d’Oman Sail avec un équipage franco-omanais 100% féminin. Dans ce cadre, Audrey se rend au Sultanat d’Oman « une ou deux semaines par mois pour préparer les filles au Tour Voile » et décide d’arrêter de travailler au bout d’un moment. Après un Tour Voile et deux éditions de Sailing Arabia The Tour, le projet est mis en pause à cause du Covid-19. Audrey retourne à La Ciotat pour travailler. « J’ai fait du management, du commerce et de l’ingénierie pendant trois ans avant d’être contactée par Erwan Le Roux l’an dernier. Il m’a proposé de rejoindre son projet Ocean Fifty », lance-t-elle. Au départ, l’idée était de se former sur le bateau et participer à quelques opérations de relations publiques et entraînements. « Petit à petit, j’ai fait une régate puis toute la saison. On a gagné le Pro Sailing Tour. Erwan m’a proposé de faire la Transat Jacques Vabre Normandie – Le Havre avec lui. C’était un vrai défi mais ça reste de la voile. Je fonctionne aux opportunités et en général, ça se passe plutôt bien. Malheureusement, on a un peu trop tiré sur la machine et on a dû abandonner à cause de plusieurs avaries ». Un goût d’inachevé qui lui donne envie d’y retourner l’an prochain. « J’aime bien l’Ocean Fifty et la course au large, même si ça n’a jamais été un rêve d’en faire. C’est une Classe assez compacte. Ça reste de la régate à haute vitesse car on reste un peu au contact. On retrouve l’aspect compétition, tactique et stratégique qui me plaît. Ce n’est pas très confortable mais j’aime me mettre dans des situations qui ne sont pas agréables car j’en ressors toujours plus forte ».

    En parallèle, Audrey entend parler du projet Orient Express qui se monte. « J’ai essayé d’appeler les bonnes personnes. Les opportunités, ça se crée aussi. Il faut montrer que l’on est disponible et motivée ». Retenue pour faire participer aux sélections à l’ENVSN, elle décroche sa place au sein de l’Orient Express – L’Oréal Racing Team. « Participer un jour à l’America’s Cup ne me paraissait pas envisageable il y a encore quelques années, mais dès que je sais su que c’était possible, j’ai voulu la faire. C’est dingue d’avoir été sélectionnée ! J’ai encore des posters et des maquettes de bateaux de la Coupe dans ma chambre d’enfant ».

    Quand elle n’est pas sur l’eau, Audrey, qui a habite à La Ciotat, pratique des activités en extérieur comme la wing, le vélo, l’escalade, la course à pied et le ski, l’hiver. « Je veux continuer la course au large à côté. J’ai toujours adoré être surbookée. Ça m’a toujours plu d’avoir deux projets en même temps. On va tout faire pour qu’il y ait un Défi français sur la prochaine America’s Cup ».

    Date de naissance : 20 juillet 1992
    Lieu de naissance : Nantes (44)

    Sa devise : « Saisir les opportunités »

    Un souvenir précis de l’America’s Cup : « Le fait d’avoir fait partie du projet français à mon échelle sur les F50 (ndlr : ex AC45) et d’avoir réussi à mettre ma petite pierre à l’édifice. J’ai eu l’impression que ces bateaux avaient fait un petit bon technologique à l’époque. »

    Ce que l’America’s Cup représente pour elle : « C’est la régate la plus prestigieuse et la plus élitiste au monde, avec un côté sportif, technologique et ingénierie hyper fort. Cette compétition allie mes deux passions. »

  • 2016
    Jessie Kampman
    2016

    De nationalité française, sud-africaine, néerlandaise et britannique, Jessie Kampman, aussi douée en kiteboard qu’en voile qu’elle pratique en compétition, a décroché sa place au sein d'Orient Express- L’Oréal Racing Team pour la Womens’ America’s Cup. Portrait.

    Née en Angleterre, à Crawley, Jessie débarque dans l’Hexagone à l’âge de quatre ans, quand ses parents déménagent au Plan de la Tour, à côté de Sainte-Maxime. Très sportive, elle pratique le tennis, le ski et la voile. « Ma mère, qui est Anglaise, et mon père, qui est Sud-Africain, travaillaient sur des voiliers quand ils étaient plus jeunes. Ils se sont rencontrés dans ce cadre. Avec mon frère, on a commencé l’Optimist très jeunes. Le samedi, je faisais de la compétition en géant à la montagne, et le dimanche en Optimist. Je régatais aussi l’été tout en continuant à m’entraîner à Tignes, sur le glacier », raconte-t-elle. « J’adore le sport, me dépenser, donner le meilleur de moi-même. C’est la même chose dans les autres aspects de ma vie. Quand je fais quelque chose, j’essaie de bien le faire », poursuit celle qui décide d’arrêter le ski quand elle passe au 420 car concilier deux disciplines devient « un peu trop intense ». En sports études au CREPS d’Antibes de ses 14 à ses 18 ans, Jessie part ensuite à Southampton (Angleterre) pour étudier le droit. « Je suis Anglaise et bilingue. Je pensais que faire mes études là-bas serait plus enrichissant si je ne partais pas sur une préparation olympique, que ça allait m’ouvrir plus de portes », justifie-t-elle.

    Persuadée qu’elle n’a pas envie de se tourner vers le 470 après avoir fait le tour du 420 et souhaitant faire « quelque chose d’un peu plus excitant », la jeune navigatrice se lance en 2019 dans le kitefoil, sur le point de devenir discipline olympique, en parallèle de ses études. « Je faisais déjà un peu de kite avant de passer au kitefoil. Ça m’a tout de suite plus et j’avais envie d’un nouveau challenge. Je me suis lancée dans une préparation olympique en 2021 à la fin de mes études mais je me suis gravement blessée en août dernier. J’ai été hospitalisée pendant cinq mois », raconte Jessie, qui est devenue ambassadrice de l’ENGIE Kite Tour.

    Non sélectionnée pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, Jessie, qui fait partie des meilleures mondiales de la discipline, ne compte pas en rester là. « C’est une Française (Lauriane Nolot, ndlr) qui est devant ;  j’adore vraiment ce support et j’ai envie de continuer. Idéalement, j’aimerais bien repartir sur une préparation olympique en kitefoil », confie celle qui a un temps couru sous les couleurs du Royaume-Uni avant de revenir en France. « Je me suis licenciée à la Fédération Anglaise quand je suis partie vivre en Angleterre car je pensais faire ma vie là-bas. Mais à cause du Covid-19, j’ai fini mes études à distance en France et suis revenue à la FFVoile. Je n’ai pas trop réfléchi à quelle nationalité je voulais avoir même si au fond de moi, je me sens plus Française ».

    Passionnée de kitefoil, Jessie revient à ses premières amours avec la Womens’ America’s Cup, « la course la plus prestigieuse de la voile professionnelle », qui allie deux aspects qui l’attire dans le sport : « la vitesse et l’adrénaline sur un support à foil », et « l’équipage », qu’elle a adoré quand elle faisait du 420. Invitée pour les sélections à l’ENVSN en avril 2023, la jeune femme, qui « pensait ce milieu assez fermé » mais rêvait d’y accéder, décroche sa place au sein de l’Orient Express – L’Oréal Racing Team. « La sélection a été une étape clef de ma carrière sportive en voile. Pour moi, c’est un pallier que j’ai passé car c’était un objectif depuis très longtemps de mettre un pied dans ce milieu. Je suis hyper fière de faire partie de l’équipe, car peu de filles y ont accès. C’est aussi une chance de pouvoir bénéficier de l’expérience de tous ces sportifs, de l’aide que toute l’équipe peut nous apporter. Je me sens aussi chanceuse. Je pense que plus de filles devraient pouvoir y avoir accès. J’espère que l’on ouvrira la voie et qu’un jour, il y aura autant de places pour les filles que pour les garçons au sein des Challengers sur la Coupe », avance Jessie, qui aimerait bien réussir à concilier America’s Cup et préparation olympique. « On verra après 2028 où j’en suis dans ma vie, si j’ai envie de repartir sur une préparation olympique ou pas. Mais en tous cas, j’aimerais bien basculer un jour vers la voile professionnelle, que ce soit sur la Coupe ou sur SailGP, si j’en ai l’opportunité ».

    Passionnée par ce qu’elle fait, Jessie passe le plus clair de son temps sur l’eau. « La particularité du kite, c’est que l’on peut naviguer de manière très autonome où l’on veut. On peut naviguer un peu tout le temps. C’est assez dingue comme sensation et on est un peu tous accrocs. C’est dur de faire des pauses. Toute ma vie est orientée vers le kite. J’essaie de mettre toutes les choses en place pour performer ».

    Date de naissance : 19 mai 2020
    Lieu de naissance : Crawley (Royaume-Uni)
    Sa devise : « Believe you can and you’re halfway there. »

    Un souvenir de l’America’s Cup en particulier : « Je n’en ai pas un en particulier, mais c’est une compétition qui m’a toujours attirée, et dont je suivais les avancées technologiques et les régates. »

    Ce que l’America’s Cup représente pour elle : « C’est la compétition qui réunit les plus grands navigateurs, dont des médaillés aux Jeux Olympiques et des icones de l’olympisme qui sont des idoles pour beaucoup de personnes. Les meilleurs des meilleurs sont réunis sur des bateaux et se tirent la bourre pour remporter la Coupe. C’est comme un hot spot de tous les navigateurs. »

  • 2175
    Lara Granier
    2175

     

    Issue de la filière olympique, Lara Granier, qui vient de terminer une préparation olympique en 49er FX avec Amélie Riou, a décroché sa sélection au sein d'Orient Express – L’Oréal Racing Team pour la première Puig Women’s America’s Cup. Portrait.

    Lara grandit à Nairobi, au Kenya, où ses parents se sont rencontrés. « Mon père a participé à un Championnat du Monde de planche à voile au Kenya. Il a adoré le pays. Il est parti s’y installer à la fin de ses études car il a eu une opportunité de travail sur place », raconte-elle, précisant que sa mère est Kenyane. Enfant, son père l’initie à la voile. Lara, qui apprécie beaucoup le fait d’être à l’extérieur, s’initie aux joies de la navigation le week-end, sur « le lac de Naivasha, un lieu incroyable au milieu de la savane, de la nature, avec juste un petit Club House au milieu de nulle part entouré de zèbres, d’hippopotames et de girafes ». Ces week-ends de camping en bord de lac avec « pas mal de jeunes Anglais qui faisaient aussi de la voile » lui donnent envie de poursuivre sur cette voie, même si elle pratique aussi le basketball, le tennis, la course à pied et le karaté en loisirs à côté.

    Très vite, elle se lance dans la compétition en Optimist. « Mon père a bien développé la voile au Kenya. Il nous a accompagné sur le Championnat du Monde d’Optimist en 2007. C’était la première fois que le pays y participait », se souvient-elle. La jeune navigatrice enchaîne ensuite les compétitions en Europe du Sud, en Serbie, en Inde et en Afrique, où son père organise le Championnat d’Afrique d’Optimist, avant de participer aux Jeux Olympiques de la Jeunesse à Singapour en 2010.

    Lara réalise ensuite que l’apprentissage de la voile est assez limité au Kenya. « Mes parents finançaient tout. Mon père m’entraînait mais ce n’était pas son métier donc il s’est renseigné sur les possibilités qui existaient en France », indique Lara, qui intègre le Pôle Espoir d’Antibes en septembre 2010. Sur place, elle navigue en Laser 4.7 avec, entre autres, Jean-Baptiste Bernaz et Sophie de Turckheim. Séduite par le double, elle bascule en 420, qu’elle pratique pendant quatre ans. « On a assez vite performé. On avait un super groupe de huit-dix personnes à Antibes. On a été deux fois Championnes de France. On a fait de bons résultats mondiaux aussi ».

    Lara se tourne ensuite vers le 470 en 2015 et intègre le Pôle de Marseille, avec pour objectif les Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Vice-championnes du monde Jeunes U25, vice-championnes d’Europe : Lara et sa coéquipière enchaînent les bons résultats. « Le passage des séries Jeunes à l’olympisme a été assez brutal. Le niveau est devenu beaucoup plus exigeant. On a continué pendant quelques années mais on s’est rendues compte qu’on avait des envies et une manière de faire un peu différentes ». Le duo se sépare en 2019 juste après le Championnat du Monde au Japon sur lequel Camille Lecointre et Aloïse Retornaz valident leur ticket pour Tokyo.

    Lara souhaite alors rester en olympisme, mais ne sait pas « sur quel support ni de quelle manière ». Elle se lance alors dans les sélections du Challenge Région Bretagne – CMB en Figaro. « J’étais en pleine année de transition. J’avais envie de faire autre chose. Je n’avais pas spécialement envie de faire de la course au large, mais c’était l’opportunité de faire quelque chose de nouveau. C’est important d’avoir une ouverture d’esprit, de se challenger sur d’autres supports. J’étais en mode découverte, mais j’ai vraiment adoré. J’ai appris beaucoup de chose, c’était super enrichissant. J’ai rencontré des personnes avec des opinions et des manières de faire différentes ».

    C’est dans ce cadre que sa route croise celle d’Amélie Riou, qui participe aussi au Challenge Région Bretagne - CMB. Le courant passe immédiatement et Lara se reprend à rêver d’olympisme. « Je voulais trouver quelqu’un qui ait les mêmes objectifs, qui partagent les mêmes valeurs et les mêmes envies que moi. C’est important pour moi d’avoir un vrai feeling humain et de partager des choses avec ma coéquipière. J’avais essayé le 49er FX et beaucoup aimé, donc j’ai proposé à Amélie de manière informelle qu’on essaie de naviguer ensemble ». Cette dernière n’accroche pas tout de suite à la proposition. Pendant ce temps, Lara s’essaie au 470 en mixte, fait du kitefoil et du 49er FX avec plusieurs personnes mais ne trouve pas chaussure à son pied. Elle recontacte donc Amélie à la sortie du confinement en Mai 2020. Les deux jeunes femmes décident de se lancer ensemble dans une préparation olympique au mois de Septembre 2020. « C’est quelqu’un avec qui je m’entends super bien. On partage énormément de valeurs même si on a des personnalités assez différentes. Et on avait un objectif commun : participer aux Jeux Paris 2024 ». Les Jeux Olympiques, Lara en rêve depuis l’enfance. « On en parlait beaucoup avec mes parents. On regardait la natation, la gymnastique, l’athlétisme. On suivait les athlètes kenyans et français et le soir, on allait jouer avec le jardin avec ma sœur et on s’inventait nos vies comme si on était aux Jeux. Avec mes parents, on a tout fait pour aller dans cette direction-là, ça a toujours été un objectif pour moi ». Malheureusement, Lara et Amélie ne se sélectionnent pas pour Paris 2024, mais se retrouvent toutes les deux au sein d'Orient Express – L’Oréal Racing Team sur le projet Puig Women’s America’s Cup.

    La Coupe, Lara en rêvait aussi même si le « milieu était assez fermé pour les femmes » jusqu’à présent. « J’osais espérer qu’avec du travail et de l’acharnement, il serait possible de voir un jour des femmes sur ce circuit. D’ailleurs, j’espère que lors de la prochaine édition, il y aura autant de femmes que d’hommes au sein des Challengers car les femmes ont autant leur place que les hommes à bord, et elles peuvent arriver au même niveau ». Pour elle, la Puig Women’s America’s Cup est donc un rêve « qui se réalise plus vite que prévu, une chance incroyable et une vraie fierté de faire partie de l’équipe française et de la première vague de femmes à y participer ». Son rôle ? « Pilote, même si on ne sait pas encore qui sera à bord ou remplaçante ».

    Quand elle ne navigue pas, la jeune femme, qui vit toujours à Marseille, en profite pour récupérer sans rester inactive. « J’adore être sur l’eau donc je fais pas mal de wingfoil, de surf foil, d’escalade et du tennis ».

    Date de naissance : 11 novembre 1995
    Lieu de naissance : Nairobi (Kenya)
    Devise : « Play hard, work harder »

    Ce que représente l’America’s Cup pour elle : « C’est vraiment le top niveau de la voile mondiale, la compétition sur laquelle il y a tous les meilleurs navigants et les plus beaux bateaux du monde. C’est le graal pour les marins. »

    Un souvenir précis de l’America’s Cup : « Dans le documentaire « untold » sur la 25e coupe de l’America. La victoire de Australia II face à liberty. La première fois dans l’histoire de la coupe de l’America qu’une équipe gagne face aux Americains. J’ai été bousculé par leur envie de gagner, et surtout de croire qu’ils pouvaient gagner ! »

  • 2019
    Manon Audinet
    2019
    Skipper

    Manon Audinet, skipper de l’AC 40 Orient Express – L’Oréal Racing Team

    Grande spécialiste du catamaran, Manon Audinet, qui évolue depuis le début de la saison 3 sur le circuit SailGP avec le France SailGP Team, s’apprête à relever un défi de taille : tenter de mener l’Orient Express – L’Oréal Racing Team, dont elle est le skipper, à la victoire sur la première Women’s America’s Cup de l’histoire.

    Originaire de La Rochelle où elle grandit, Manon Audinet ne commence pas la voile dès l’enfance. « Mon père a fait de la voile quand il était jeune, puis a navigué sur le bateau de son père. Il a toujours aimé ça contrairement à ma mère (ma mère ne déteste pas la voile, elle n’en avait juste jamais fait). Mon petit frère en a fait aussi un peu mais enfant. Moi, ça ne m’attirait pas du tout même si j’aimais bien aller sur le bateau de mon grand-père le week-end », raconte-t-elle. « Avant, j’ai fait du tennis mais c’était une catastrophe, puis trois-quatre ans de natation. J’aimais bien ça et ensuite j’ai essayé l’équitation, mais ça a été aussi un échec », plaisante Manon, qui tire ses premiers bords en catamaran à l’âge de 11 ans lors d’un stage d’été, motivée par la mère d’une copine qui travaillait au club de voile de La Rochelle. Elle accroche vraiment avec le support l’année suivante grâce à « un super moniteur qui entraînait aussi l’équipe de catamaran de sport à l’année ». Ce dernier lui propose d’intégrer le team. Manon accepte avec le soutien de ses parents, « sans savoir ce que ça allait donner ».

    Les choses s’enchaînent rapidement pour la jeune licenciée à St Georges Voile, qui débute la compétition à l’âge de 12 ans sur un petit catamaran en double mixte. Si à la base, elle n’a pas une âme de compétitrice, elle se prend au jeu dès sa première régate. « J’adorais être sur l’eau, quand il y avait du vent. On a gagné notre première régate. J’ai trouvé ça génial », confie Manon, qui trouve sa voie et la poursuit, avec l’approbation parentale. De ses 12 à ses 19 ans, elle navigue sur des catamarans de sport chez les Jeunes et en Seniors, ce qui lui permet d’apprendre à naviguer sur des bateaux à dérive nécessitant un peu plus de réglages. A l’époque, elle enchaîne les podiums nationaux chez les Jeunes et parfait son apprentissage sur de plus gros bateaux dont les Formule 18, une expérience « super formatrice qui lui a permis d’apprendre plus de choses plus rapidement ».

    Si le catamaran n’est pas olympique à ce moment-là, elle est acceptée en classe Sports Études et bénéficie d’horaires aménagés sans pour autant avoir un programme d’entraînement aussi assidu que les autres. Cela lui permet de dégager du temps pour s’entraîner et faire de la préparation physique en parallèle de sa scolarité, qui la mène jusqu’à un Bac ES puis à un IUT Tech de Co. « L’école n’a jamais été ma passion. Je suis entrée à l’Université au moment où je suis partie sur une campagne olympique mais il fallait que je fasse des études pour que mon double projet se passe bien. J’ai eu la chance de tomber sur des professeurs super compréhensifs qui m’ont aidé à fond et ont suivi ce que je faisais côté sportif. J’ai pu dédoubler ma dernière année, ça s’est bien passé ».

    Sa première campagne olympique, Manon la fait en Nacra 17, support vers lequel elle se tourne en 2013 avec Moana Vaireaux, son entraîneur en Hobie 16. « Quand j’étais plus jeune, il n’y avait pas de catamaran aux Jeux à part le Tornado qui n’était pas adapté aux femmes. J’en rêvais mais je ne savais pas comment je pouvais les faire un jour. La porte s’est ouverte avec le Nacra 17 », indique Manon, qui rentre en Équipe de France dès la première année aux côtés de Billy Besson et Marie Riou, dont ils sont remplaçants pour Rio 2016 avec Moana. Un an et demi-deux ans après le début de sa deuxième préparation olympique, le duo décide de se séparer. Manon contacte alors Quentin Delapierre, contre qui elle a navigué quand elle avait 13-14 ans, et qu’elle a recroisé par la suite, sur le Tour Voile notamment. « On a fait une semaine d’entraînement qui s’est super bien passée. C’était un peu osé de se lancer un an avant les sélections pour Tokyo 2020. On a fait ça en mode sprint mais j’avais vraiment en tête de faire Tokyo et je me suis dit que Quentin était potentiellement le bon client pour faire le hold-up ». Sélectionnés pour les Jeux Olympiques, Manon et Quentin, heureux d’avoir relevé ce challenge ambitieux, enchaînent les bons résultats. Vainqueur de la Coupe du Monde sur le plan d’eau d’Enoshima, 4e au Championnat du Monde, 2e au Championnat d’Europe, le duo signe une performance en-deçà des espérances aux Jeux en terminant 8e. « On y croyait. On a été déçus mais ça fait partie de notre carrière et ça nous a rendus plus fort après », relativise-t-elle, se réjouissant d’avoir fait partie des premières femmes à avoir fait voler un catamaran sur l’eau et d’avoir pu réaliser son rêve. Après quelques mois d’entraînement l’hiver suivant, Manon et Quentin décident de jeter l’éponge avant le premier évènement de la saison car ils ne prennent plus de plaisir à naviguer sur le support et veulent voir s’ils réussissent à trouver leur bonheur ailleurs. Sur le plan personnel, Manon fait la rencontre de Jason Saunders, son compagnon et futur père de son enfant, pendant ses années Nacra.

    Cette quête du bonheur aboutit dès 2022, sur SailGP, circuit prestigieux sur lequel Manon rejoint Quentin quelques mois après son arrivée à la barre du F50 tricolore. Sélectionnée avec Amélie Riou, la Rochelaise intègre le France SailGP Team au début de la saison 3 aux Bermudes, en même temps que Kevin Peponnet. Sa carrière prend alors une nouvelle dimension. « Je suivais le circuit, qui me faisait rêver. Monter sur un F50 était clairement un objectif même si je n’étais pas très adepte du système au départ, quand les filles n’avaient pas leur place à bord. Dès qu’elles l’ont eu, ça a pris du sens car on fait partie intégrante de la performance. Et avec cette équipe, c’est génial », commente-t-elle. « C’est une voile différente, beaucoup plus professionnelle avec beaucoup de contraintes liées au fait que l’on n’a pas beaucoup de temps pour s’entraîner. Tout est super rapide, il faut réussir à être très performant en travaillant de manière différente pour être à 100% dès que l’on monte sur le bateau. C’est complémentaire à ce que j’ai pu apprendre en olympisme, où on a des mois pour s’entraîner et peaufiner les petits détails. C’est un peu déroutant au début mais c’est top de travailler avec une grosse équipe et de naviguer à plusieurs ».

    En parallèle de SailGP, Manon est désormais le skipper de l’AC40 Orient Express – L’Oréal Racing Team pour la Women’s America’s Cup. Une grande fierté pour la jeune navigatrice, qui regardait la Coupe à la télévision avec son père, plus jeune. « Je ne pensais pas que la compétition s’ouvrirait un jour aux femmes. Ça me faisait rêver mais je me disais que je n’y aurais pas ma place. C’est devenu un rêve depuis l’annonce de la création de la Women’s America’s Cup. C’est le truc ultime que chaque navigatrice a envie de faire, la cerise sur le gâteau ». Les pré-sélections débutent peu après l’annonce. Manon y participe, enceinte. « Le fait d’être enceinte m’a permis de prendre du recul et m’a conforté dans l’idée que je voulais continuer à faire de la voile de haut-niveau. C’est arrivé au bon moment. Je n’ai aucun regret. J’ai le sentiment d’être à ma place ». Sa sélection aux côtés de six autres filles, elle l’apprend en décembre 2023. Un bel accomplissement pour la jeune femme, qui mènera un équipage de quatre personnes issues de milieux différents pour sa première expérience en monocoque volant. « SailGP m’a aidé à comprendre comment marchent les grosses machines bourrées d’électronique et d’hydraulique, sur lesquelles il n’y a quasi plus de bouts. Beaucoup de choses se recroisent entre les F50 et les AC40 dans l’utilisation du bateau, des datas même si l’équilibre des bateaux est un peu différent. Et on peut s’entraîner sur simulateur, ça enrichit encore plus. J’ai l’impression d’apprendre de nouvelles choses chaque jour. Je ne pouvais pas rêver mieux pour progresser dans la voile actuelle et en tant que femme, c’est chouette de pouvoir avoir accès à ces projets, qui plus est en tant que skipper », se réjouit-elle. Pour Manon, faire la Women’s America’s Cup à ce rôle est un vrai challenge « car on a plutôt l’habitude de voir une barreuse en tant que skipper », mais elle pourra capitaliser sur l’expérience acquise sur SailGP pour permettre à son team de gagner du temps dans sa préparation express. « Mon objectif est d’emmener les filles potentiellement à la victoire sur cette première Coupe féminine. Ça serait un truc de dingue », lance-t-elle.

    L’autre défi de Manon, qu’elle relève avec Jason Saunders, c’est de concilier vie de couple, de mère et de sportive de haut niveau. « C’est un maxi challenge mais c’est super cool. On a la chance d’avoir un bébé plutôt facile. On l’emmène partout depuis qu’il est tout petit pour l’habituer à voir du monde. Il n’avait que 10 jours quand il est venu à Saint-Tropez pour SailGP », avance-t-elle. Au quotidien, Manon et Jason peuvent compter sur le soutien d’une jeune fille, qui s’occupe de leur bébé à Barcelone mais aussi sur les Sail Grand Prix. « Je la connais depuis qu’elle a huit ans. Elle est super et passionnée de voile. En cas de problème, mon bébé reste ma priorité mais c’était important pour nous de pouvoir continuer à faire ce que l’on aime, et l’opportunité d’être skipper sur la Coupe ne se présente pas 15 fois dans une vie. J’estime que si les parents sont heureux, le bébé l’est aussi alors que s’ils sont frustrés, il n’est pas très content. Je trouvais ça très cliché quand les mamans disaient que leur bébé était une source de motivation supplémentaire, mais c’est vrai et c’est vraiment cool ». Manon peut également compter sur le soutien de ses parents, qui « aident à fond avec le petit. J’ai eu la chance qu’ils aient compris ma passion et m’aient soutenu à fond au lieu de me pousser à faire des études. Ils ont fait beaucoup de concessions pour que je réussisse à monter mes projets. C’est grâce à eux que j’en suis là ».

    Depuis quelques mois, Jason Saunders a rejoint l’Orient Express Racing Team et le France SailGP Team. « C’est vraiment chouette de naviguer avec Jason sur SailGP. Ça le sera encore plus quand on pourra partager des victoires ensemble. Quand on naviguait l’un contre l’autre, on était contents quand l’un de nous deux faisait une performance mais l’autre était toujours un peu déçu, ce qui est normal ». Quand elle ne navigue pas, Manon essaie de profiter de son temps libre pour visiter Barcelone en famille. « On rentre retrouver le petit et on ressort pour découvrir la ville que l’on ne connaît pas et qui est hyper intéressante. On a la bougeotte, on ne reste pas souvent à la maison ».

    Date de naissance : 12 février 1992
    Lieu de naissance : La Rochelle (17)

    Un souvenir de l’America’s Cup en particulier : « La remontée incroyable des Américains face aux Néo-Zélandais. Je me rappelle avoir regardé les régates à mon club de voile à La Rochelle avec tous les copains. C’était magique. "

    Ce que l’America’s Cup représente pour elle : « L’America’s Cup, c’est vraiment l’excellence, la voile au plus haut niveau. Il y a les meilleurs marins, le top du top dans chaque domaine. Et il y a le côté historique car c’est la plus vieille compétition sportive, un défi magnifique. »

     

  • 2176
    Pauline Courtois
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    Pauline Courtois, barreuse à bord de l’AC40 Orient Express – L’Oréal Racing Team

    Triple championne du monde et d’Europe de Match Racing avec les Match in Pink by Normandy Elite Team, Pauline Courtois sera barreuse à bord de l’AC40 Orient Express – L’Oréal Racing Team sur la Women’s America’s Cup. Un rêve qui se réalise pour la navigatrice Brestoise, professeur d’EPS dans un collège du Havre en parallèle de sa carrière de sportive de haut niveau.

    Native de Brest, Pauline Courtois débute la voile très jeune, « un peu par hasard ». En effet, si elle grandit dans une ville tournée vers la mer, personne ne pratique la discipline dans sa famille. Même si sa mère, désormais à la retraite, est vice-présidente de la FFVoile en charge de la mixité. « Mes parents voulaient que l’on découvre plein d’activités et que l’on fasse quelque chose qui nous plaise, mes sœurs et moi, pas forcément dans le sport ». Pauline s’essaie à la musique, la natation, l’équitation, la danse et à d’autres sports de plein air, avant d’avoir le déclic en faisant un stage de voile l’été à l’âge de sept ans. « On avait un super groupe, on se marrait bien. J’aimais jouer avec le vent, la confrontation avec les éléments et les activités aquatiques », raconte celle qui se lance dans la compétition deux ans plus tard. « Je suis assez curieuse. J’aime bien apprendre de nouveaux trucs tout le temps, me surpasser, me confronter aux autres. J’avais déjà assez l’esprit de compétition », poursuit-elle. Mordue, elle entre en Sports Études à Brest et fait du 420 jusqu’à ses 18 ans, un choix induit par sa petite taille, avant de faire un ou deux ans de 470 après le lycée puis de changer de support, sa coéquipière ayant décidé de poursuivre ses études. Pauline a alors l’opportunité de tester le Match Racing. Elle accroche tout de suite. En parallèle, elle poursuit ses études en STAPS à Brest et rejoint l’équipage de Julie Bossard sur sa préparation olympique en vue de Londres 2012, le Match Racing étant encore olympique à l’époque. Elle barre ensuite le bateau de l’UBO (Université de Bretagne Occidentale) dans l’optique d’aller au Mondial Universitaire, sur lequel l’équipage termine sur la 2e marche du podium après avoir gagné le Champion Open en 2014.

    Si elle fait ses études à Brest, Pauline, qui se destine à une carrière de professeur d’EPS, s’expatrie au Havre pour s’entraîner. « J’ai fait pas mal d’allers-retours entre Brest et Le Havre le temps de finir mes études. Je n’ai pas pu finir mon cursus à Rouen car les facultés ne font pas le programme dans le même ordre », explique-t-elle. Une fois son concours en poche, elle s’installe au Havre grâce à un accord entre le Ministère de l’Éducation Nationale et celui des Sports. Sur place, elle retrouve Cédric Chateau, son entraîneur en 420 et intègre l’équipage Match in Pink créé en 2017. Avec, elle s’impose, entre autres, à quatre reprises sur la Coupe du Monde, une fois sur la Nations Cup, et trois fois sur le championnat du monde et d’Europe, ce qui vaut à l’équipage féminin trois nominations au titre du Marin de l’Année décerné par la Fédération française de voile (FFVoile). En parallèle de sa carrière de sportive de haut niveau, Pauline exerce la fonction de professeur d’EPS et forme les jeunes collégiens havrais à la voile. « J’ai la chance d’avoir un emploi du temps aménagé qui me permet de concilier les deux. Je peux m’entraîner la moitié du temps et régater à côté de mon travail. C’est génial de pouvoir faire les deux ». Élue chargée des sports, Pauline travaille également à la Vague Normande. « Quand je ne suis pas en compétition, j’ai un peu plus de temps. C’est grâce à eux et aux actions qu’ils mettent en place que j’en suis là aujourd’hui. La Vague Normande est moteur pour créer des projets permettant aux sportifs de naviguer, notamment sur le Tour Voile, précise-t-elle. Il y a une vraie volonté de donner l’opportunité aux sportifs normands de se former et d’intégrer un team professionnel ou semi-professionnel ». Dans ce cadre, Pauline, qui travaille en collaboration avec Francis Le Goff, directeur de la Vague Normande et Cédric Chateau, cadre en charge du sport, des dispositifs d’entraînement et du haut niveau, apporte sa pierre à l’édifice dans le développement de ces projets sportifs. « On a la chance d’avoir une super équipe en Normandie. On n’aurait pas progressé autant sans la Vague Normande. L’équipe Match in Black s’est montée juste avant la nôtre. On a décidé de tout mettre en commun et on a fait un peu de mixte. On espère se lancer en team l’an prochain. En tout, on est un groupe de cinq-six équipages en Match Racing. C’est top ».

    Après ses trois titres mondiaux, Pauline a eu envie de découvrir de nouveaux horizons et a participé à la Transat Paprec avec Corentin Horeau l’an dernier en Figaro BENETEAU 3. « C’était nouveau pour moi qui n’avais jamais fait de large. J’avais envie de me challenger un peu. Je ne savais pas comment ça allait se passer car la course était longue. Le fait d’avoir des copains à côté tout le temps a un peu aidé. C’est fou le degré d’exigence qu’il faut garder sur la durée. L’expérience avec « Coco » a été très enrichissante niveau réglages, prises de risques, savoir où mettre le curseur. Il faut encore que je progresse sur l’aspect météo et stratégie à long terme mais c’était top. Je ne voyais pas faire du solitaire mais en double, c’était vraiment cool. J’ai vraiment aimé l’aspect partage ». Pour autant, Pauline n’envisage pas de tirer un trait sur le Match Racing.

    Sa pré-sélection pour la Women’s America’s Cup, elle l’apprend justement sur le ponton de Concarneau, quelques heures avant le départ de la Transat Paprec. Un rêve qui se réalise pour la navigatrice pour qui l’America’s Cup les Jeux Olympiques et The Ocean Race, « les références en voile », la font vibrer. Barreuse de l’AC 40 d’Orient Express – L’Oréal Racing Team, elle partage désormais sa vie entre Le Havre où elle réside toujours, l’ENVSN (Quiberon) où « il y a un super parc de bateaux à foils dont des WASZP, Birdie Fish et Flying Phantom »et la Base du Team à Barcelone. « Je suis super contente d’avoir l’opportunité de participé à cette première Women’s America’s Cup, c’est un truc de dingue. L’équipe est en pleine construction, on a toutes des cursus différents ». Pour elle, cette sélection est « un rêve qui se réalise, un challenge qui lui donne envie de se dépasser pour être performante » dans de très bonnes conditions. « On a envie de progresser ensemble et de monter une super équipe. On sait qu’il y a du boulot, surtout que je ne viens pas du tout de supports à foils. Mais grâce au Match Racing pour lequel on doit s’adapter rapidement à de nouveaux supports, j’ai l’expérience des finales et de la navigation au contact. Je pense que ça peut être un plus. Je fais de l’équipage depuis longtemps donc je suis habituée à la vie et à la gestion d’une équipe ».

    Quand elle dispose d’un peu de temps libre, Pauline navigue beaucoup, sur le Wally Spirit of Malouen et le TP 52 de Paprec, entre autres. Et elle fait du sport, tout en se concentrant sur sa priorité du moment : la Women’s America’s Cup.

    Sa vision de la femme dans le monde en général et dans le sport en particulier : « On est dans une super période qui s’ouvre pour les femmes en matière d’opportunités, que ce soit dans la société ou dans le sport. Les générations d’avant n’ont pas eu tout ça. C’est génial même si c’est dommage de devoir parfois imposer la présence de femmes sur certaines compétitions. Mais ça peut donner envie à des filles de monter leur projet. Il faut souligner qu’il n’est pas facile pour un sponsor ou un organisateur de soutenir des initiatives comme on a pu le voir sur la Transat Paprec car cela induit moins de bateaux au départ. C’est bien de le souligner. D’ailleurs, depuis, les filles sont plus nombreuses à essayer de monter des projets en Figaro. Je suis persuadée que ce type d’initiative ne peut qu’aider au développement de la voile au féminin. De mon côté, j’ai eu la chance de ne pas me sentir bridée ou discriminée. Notre groupe d’entraînement d’hiver est mixte et on fait plein de régates mixtes. Les gens ne font pas la différence, ça se joue aux compétences. Les règles sont aussi un peu en train de changer. »

    Date de naissance : 27 avril 1989
    Lieu de naissance : Brest (Finistère)

    Ce que l’America’s Cup représente pour elle : « L’excellence en équipe »

    Un souvenir précis de l’America’s Cup : « La remontada des Américains face aux Néo-Zélandais sur la finale en 2013. Ça montre bien que rien n’est jamais perdu jusqu’à la fin. » 

Youth America's Cup

  • 2012
    Ange Delerce
    2012
  • 2014
    Enzo Balanger
    2014

    Enzo Balanger, skipper du France Orient Express – L’Oréal Racing Team sur la Youth America’s Cup

    Date de naissance : 8 octobre 2000
    Lieu de naissance : Les Abymes (Guadeloupe) 

    Passionné de voile dès sa plus tendre enfance, Enzo Balanger, qui a suivi une filière plutôt classique en Guadeloupe puis en Métropole, fait partie des marins les plus talentueux de sa génération. Déterminé et ambitieux, le licencié de La Pelle Marseille a passé avec succès les sélections avant d’être nommé skipper d’Orient Express – L’Oréal Racing Team pour la Youth America’s Cup.

    Originaire des Abymes (Guadeloupe), Enzo Balanger découvre la voile à six ans. « Le club était en bas de chez moi. J’ai commencé par faire de l’Optimist le mercredi après-midi. Ça m’a vraiment plu et j’ai commencé à naviguer un peu plus », raconte celui qui grandit sur l’île papillon jusqu’à ses 15 ans. Trois ans après ses premiers bords, Enzo se lance dans la compétition en Benjamin. Il a alors neuf ans « J’ai toujours été très compétiteur, même quand je jouais à la maison avec mon frère. Je suis directement devenu accro car c’était un environnement où je pouvais me mettre un peu de pression, avoir la boule au ventre avant un départ de manche. Ça me plaisait. Ça changeait du quotidien et je prenais du plaisir à être sur l’eau », confie-t-il. Très vite, il enchaîne les bons résultats et accroche notamment un titre de Champion d’Europe et de France à son palmarès. « J’ai eu la chance d’aller au Championnat d’Europe en 2013, où j’ai terminé dans le Top 20. L’année suivante, toutes les planètes étaient alignées et j’ai fait une très belle semaine en Irlande. Le dernier jour, on n’a pas couru car il y avait trop de brume et j’ai gagné. C’était une vraie délivrance et un grand moment. J’ai enchaîné avec une victoire au Championnat de France, c’était vraiment un bel été », se rappelle-t-il avec émotion.  

    Après un passage éclair par le Laser qu’il pratique pendant six mois, Enzo déménage en Métropole en 2015 et entre au Pôle Espoir de la Rochelle en 420. Le succès est une nouvelle fois au rendez-vous pour le jeune marin, associé à Gaultier Tallieu. Dès sa première saison en 2016 sur ce nouveau support, il est sacré vice-champion de France Espoir et signe son premier podium mondial en U17 en se hissant sur la 3e marche du podium. Ensemble, Enzo et Gaultier gagnent tout en France et participent au Mondial Jeunes ISAF 2018 en Chine où ils terminent 4e. Une belle performance que le duo réitère au Championnat du Monde de 420 en Australie deux semaines plus tard. Vice-champion d’Europe Jeune cette même année, il tourne la page du 420 sur une bonne note avant de s’essayer pendant un an au 470 pour « découvrir l’olympisme ».  

    Fort de ses expériences, « J’ai commencé le Moth à foil en 2018 parce que j’étais hyper attiré par les supports volants et que je voulais me lancer dans un projet olympique à foil » Enzo passe d’une à deux coques, et se lance en Nacra17 en 2020 et intègre le Centre d’Entraînement Méditerranée (CEM) à La Grande-Motte. Après un an et demi de compétition et une 5e place au Mondial Jeunes de Nacra 17 en 2020, il décide de changer de voie. « On n’a pas fait des performances incroyables mais ça m’a permis de découvrir l’olympisme et de travailler de manière plus professionnelle avec de la préparation physique journalière et un budget à monter, à être plus investi. Ça m’a aussi permis de savoir que c’était ça que je voulais faire de ma vie. C’était une expérience hyper intéressante ».  

    S’il consacre la majeure partie de son temps à la voile, Enzo n’en oublie pas pour autant ses études. Après un bac S et un passage à l’INSA, il entre à l’EDHEC où il suit un cursus online depuis 2020. Une formule qui lui permet de gérer son planning comme il le souhaite et d’augmenter son temps de navigation grâce à des cours enregistrés. A l’été 2022, Enzo se met à fond dans le Moth à foil et pars s’entraîner de plus en plus fréquemment sur le lac de Garde (Italie) avec les meilleurs de la série et commence à performer chez les Seniors avec un premier Top 10 (9e place) au Championnat du Monde 2022, puis une 6e place en 2023.  

    En parallèle, il rêve d’America’s Cup. « Quand j’ai entendu parler de la Youth America’s Cup qui devait avoir lieu à Auckland en 2020, je me suis dit que c’était l’une des meilleures passerelles pour comprendre comment ça fonctionnait et pouvoir intégrer un jour la Coupe avec les « grands ». J’avais envie d’y participer, car c’est mon rêve et mon objectif de gagner un jour la Coupe », se souvient-il. Enzo contacte alors Charles Dorange en vue de la Youth America’s Cup 2024. « J’ai eu la chance de faire partie des pré-sélectionnés et de pouvoir envoyer mon dossier. J’ai ensuite suivi tout le processus de sélection, avec un premier stage en avril 2023 à l’ENVSN à Quiberon puis un second programme de sélection un peu plus poussé. On est allés à Barcelone où on a fait du simulateur. Ça a bien matché avec le team. Au fur et à mesure des navigations, j’ai senti que les membres de l’équipe me faisaient confiance. J’ai appris ma sélection le 14 décembre dernier. La journée a été assez longue car on pouvait recevoir un appel entre 14 et 18 heures. C’est Bruno Dubois qui m’a annoncé ma sélection en tant que skipper. J’étais super heureux car c’était la concrétisation d’un gros travail ». Et le début d’une belle aventure.  

    Quand il n’est pas sur l’eau, Enzo, passionné de sport en général, suit un petit peu l’actualité des autres disciplines.  « Quand j’étais un plus jeune, j’étais un grand fan de foot. J’en ai fait un peu, ainsi que du basket, du tennis et du tennis de table avec mes copains, mais je n’ai pas pratiqué un autre sport en club que la voile. J’ai eu la chance de trouver le mien du premier coup », avance Enzo. Ses « idoles » : Jean Le Cam et Nathan Outteridge. « Je suivais Jean pendant ses Vendée Globe, ses Route du Rhum. J’ai même eu la chance de faire un tour sur son IMOCA à son arrivée en Guadeloupe quand j’avais deux ans. Et qu’il baptise mon Optimist, c’était un super moment ». Pour autant, Enzo, qui « aime bien dormir dans son lit le soir », ne se voit pas pour le moment se lancer un jour dans la course au large. « Quand j’ai commencé vraiment le 420 et que je me suis intéressé davantage à la voile olympique, je me suis dit que le mec que j’aimerais être était Nathan Outteridge. Il performe sur tous les supports et est hyper compétiteur. C’est inspirant et c’est une personne à qui je m’identifie ». Quand il ne navigue pas, il regarde du bateau. « J’essaie vraiment de regarder ce qu’il se fait sur la Coupe et les éditions précédentes sur les réseaux, sur YouTube. J’aime bien aller courir ou faire du sport en général, j’en ai besoin ».  

     

     

    Que représente la Coupe ?: « Je rêve de la gagner un jour, pas juste d’y participer. Et j’espère que ça va devenir un objectif et que j’aurai la chance de pouvoir le faire. J’organise mes saisons sportives et ma vie en général autour de ça. Je fais du Moth parce que tous les barreurs de la Coupe en font. Je peux me battre avec eux au Championnat du Monde. C’est toujours un moment incroyable d’être sur la ligne de départ avec des marins comme Tom Slingsby ou Nathan Outteridge, de pouvoir se battre contre des mecs que je regarde sur YouTube. J’ai fait mon premier Championnat du Monde de Moth en 2021. C’était un truc énorme pour moi de voir toutes ces stars sur le parking, de naviguer contre elles. J’espère pouvoir un jour me battre avec eux sur la Coupe. » 

    Un moment qui t'a marqué : « Il y en a plein mais celui qui m’a le plus marqué, c’est le come-back des Américains en 2013. C’était quelque chose d’hyper fascinant, inspirant. Et je ne parle pas uniquement de ce qu’il s’est passé sur l’eau mais de tout le process mis en place par l’équipe pour essayer de revenir dans le match. J’ai eu la chance de côtoyer un peu Philippe Presti en Moth. Il m’a donné beaucoup de conseils. La manière dont il raconte l’histoire de son point de de vue est inspirante. Ça montre que dans le sport, tant que ce n’est pas fini, il y a toujours une chance de gagner. »  

  • 2010
    Gaultier Tallieu
    2010

    Gaultier Tallieu, régleur à bord de l’AC40 Orient Express – L’Oréal Racing Team sur la Youth America’s Cup

    Sur l’eau depuis sa plus tendre enfance, Gaultier Tallieu, qui a suivi une filière assez classique, sera l’un de deux régleurs à bord de l’AC40 Orient Express – L’Oréal Racing Team sur la Youth America’s Cup. Portrait d’un jeune navigateur à la tête bien faite, et bien pleine.

    Gaultier grandit face à la mer, à Ronce-les-Bains, entre Royan et La Rochelle. « La maison de mes parents était au bord de la plage, à 200 mètres d’un club de voile. Je suis monté la première fois sur un bateau quand j’étais encore dans un landau. Mon père, qui est fan de vieux gréements, en a toujours eu pour faire des croisières ou se balader », raconte celui qui débute l’Optimist à 5 ans et demi, en loisir d’abord. Mais sa passion pour la compétition, le jeune navigateur la doit à son frère aîné, qui « a fait du haut niveau en catamaran avant d’arrêter en terminale pour se focaliser ses études ». S’il fait du tennis en compétition, il arrête vers l’âge de 12-13 ans pour se consacrer à la voile. « J’ai commencé la compétition en Optimist à l’âge de 8 ans et suis rentré au Centre d’entraînement de La Rochelle quand j’étais au collège, avant de continuer au Pôle Espoir à la fin du collège/début du lycée ». Sur place, il rencontre Enzo Ballanger avec qui il se lance en 420. L’aventure dure trois belles années, avec plusieurs résultats dont un titre de vice-champions de France et d’Europe, et une 4e place au Mondial ISAF Jeunes. « Après le baccalauréat, on a voulu continuer sur un projet de 470 mais quand le support est devenu mixte un an après, on a pris des chemins différents tout en continuant à faire quelques régates ensemble ». Pendant sa deuxième année post-bac, il commence à régater avec les Match Attack de Timothé Polet pour aller cherche le titre de Champion d’Europe de Match Race. Gaultier déménage ensuite Lyon où il entre à l’INSA, où il est toujours actuellement. En parallèle de ses études d’ingénieur, il monte un projet Tour Voile en Diam 24 en 2021, dont il est le skipper. « On a fini 4e. L’an dernier, on a l’a refait en Figaro et on a fini 3e. C’est important pour moi de monter des projets de A à Z, de gérer la recherche de partenaires et d’avoir la double casquette de gestion de projet et de navigateur. J’ai continué à faire du Match Race à côté ».

    L’an dernier, alors qu’il lui reste un an à faire chez les Jeunes, Gaultier intègre le Pôle Espoir d’Antibes, Thimothé ne naviguant plus chez les Jeunes. Ce changement de Pôle et d’équipage correspond au lancement du projet Youth de l’Orient Express – L’Oréal Racing Team. « Je me suis lancé à fond dedans. Je sentais qu’un projet était en train de se monter. J’ai essayé de me renseigner mais finalement, c’est eux qui m’ont contacté. J’étais super content de pouvoir montrer de quoi j’étais capable », raconte-t-il, précisant que sa sélection a été un peu particulière. « Au départ, je n’ai pas été pris comme titulaire mais comme premier remplaçant et coordinateur de l’équipe Youth de par mon parcours. C’est un rôle que j’ai apprécié car il m’a permis de voir comment ce genre d’équipe travaillait et de connaître tout le monde. Malgré mon statut un peu particulier, j’ai continué à faire du simulateur et à naviguer. J’ai eu une bonne surprise le 14 décembre dernier quand on m’a annoncé que je faisais partie des six titulaires. Ça montre que l’on peut réussir, même en entrant par ‘la petite porte’ ».

    S’il se réjouit de faire partie de l’équipe, Gaultier ne délaisse pas ses études pour autant. « Je continue les cours même si j’ai un sur-aménagement de mon emploi du temps au second semestre. Ça m’intéresse beaucoup car je suis en génie mécanique avec une spécialité mécatronique et systèmes, ce qui est très proche du bateau. Ça me permet d’avoir un œil différent sur le fonctionnement du bateau et des systèmes embarqués. C’est très enrichissant ».

    Quand il n’est pas sur l’eau ou à l’école, Gaultier essaie de passer du temps en famille ou entre amis. « Quand ma copine était à Paris, on allait visiter des musées. C’est important pour moi de pouvoir me déconnecter et ne pas faire toujours des choses en rapport avec le bateau. Ça permet de me nourrir d’autres sujets et d’avoir un bon équilibre entre des univers différents et, au final, de ne pas être saturé, d’avoir le recul nécessaire tout en restant frais, motivé et focus quand il faut l’être ». Son rêve : vivre du bateau en étant navigateur professionnel, et si possible participer un jour à l’America’s Cup. Mais avant ça, Gaultier a une autre ambition : participer aux Jeux Olympiques de 2028 avec Theo Revil en 49er, les deux jeunes hommes s’étant lancés dans une préparation olympique ensemble en décembre dernier.

    Date de naissance : 3 janvier 2001
    Lieu de naissance : La Rochelle (17)

    Sa devise
    : « Le plus grand secret de la réussite, c’est de se fixer un but et de ne jamais le perdre de vue. »

    Ce que l’America’s Cup représente pour lui
     : « C’est le trophée le plus mythique, qui regroupe les aspects compétition de haut niveau, technologique et médiatique, le prestige. C’est un peu comme dans la Formule 1. La R&D et les limites sont poussées au maximum pour aller chercher le trophée. Il n’y a pas de compromis. C’est une compétition qui me fait rêver depuis tout petit et que je regardais. La dimension Match Race m’a toujours plu. L’approche n’est pas la même que pour une course en flotte classique. Ce ne sont pas les mêmes facultés et compétences qui sont mises à l’épreuve. J’aime aussi beaucoup cette guerre technologique, le fait que la compétition développe plein d’autres aspects qui permettent d’enrichir techniquement et technologiquement la société et le transport maritime. C’est toujours intéressant de voir ça de l’intérieur. »

    Un souvenir précis de l’America’s Cup : « Quand les Néo-Zélandais sont arrivés aux Bermudes avec leur vélo sur le bateau en 2017. Maintenant, ça peut paraître tout bête car on l’applique partout, mais ils étaient les premiers, ou un des premiers, à y avoir pensé. Grâce à ça, ils géraient mieux l’énergie et en produisaient plus. Ça a montré que parfois, il ne fallait pas trop se compliquer la tête pour aller vite en bateau, juste trouver des choses qui marchent. »

  • 2011
    Lou Mourniac
    2011

    Lou Mourniac, qui navigue depuis l’enfance, a intégré l’équipe des jeunes Orient Express – L’Oréal Racing Team pour la Youth America’s Cup. Une satisfaction pour la jeune femme, qui suit avec brio le chemin tracé par son père, son oncle, son frère et son cousin.

    Difficile de ne pas tomber dans la voile dès l’enfance quand on est issue d’une lignée de marins. Ce n’est pas Lou Mourniac qui dira le contraire. « Mon papa, qui faisait de la voile et qui travaillait à l’ENVSN, naviguait avec mon oncle, Philippe, qui a fait partie de trois équipes sur la Coupe. Ils ont fait deux préparations olympiques, pour les Jeux d’Atlanta et de Sydney», raconte Lou, dont la famille est originaire du Sud-Est de la France. « J’ai passé beaucoup de temps avec mon frère sur le parking à bateaux, très jeune. Difficile de faire autre chose que de la voile quand on habite à Quiberon et quand ton père en fait tous les jours. C’était la voile qui nous permettait de vivre, en plus du métier de ma maman », indique Lou, dont le cousin, Bruno, a fait partie de l’équipe Youth sur l’America’s Cup en 2017. Et dont le frère, Tim, vient de décrocher vient de sa sélection pour Paris 2024 en Nacra 17, coaché par leur père.

    Lou tire ainsi ses premiers bords à l’âge de sept ans à l’ASN Quiberon en voile loisir pour s’amuser, tout en pratiquant le basket en compétition pendant huit ans. « Je faisais de la voile le mercredi et le samedi mais aussi du tennis, du golf, de la guitare et du théâtre. Vers 12-13 ans, un groupe s’est monté dans mon club pour faire de la compétition en Open Bic. Ça a commencé à bien marcher en compétition et je me suis fait des amis à la voile. J’ai voulu continuer au lycée », lance celle à qui l’on propose de rentrer au Centre d’entraînement département en Nacra 15. « Mon frère venait de gagner un titre mondial et on a toujours été très proches du catamaran dans ma famille. C’est un type de bateau qui m’a toujours séduit, et c’était mixte. J’en ai fait deux ans avec Elouan Barnaud. Comme il était un peu plus âgé que moi, j’ai dû changer d’équipier. J’ai ensuite terminé 3e du Championnat de France en tant que barreuse ». Lou poursuit en Nacra tout en faisant des études supérieures. « Je suis entrée en école d’architecture. J’étais assez forte dans toutes les matières à l’école et je trouvais la discipline assez généraliste. Je ne connaissais pas du tout ce monde-là mais j’ai toujours eu un côté créatif ». Son choix se porte sur Nantes, car on lui propose de rentrer au Pôle de La Rochelle et de continuer en Nacra, en devenant équipière, ce qui lui permet de découvrir un autre poste. « J’ai jonglé entre la voile et les études. Je n’ai pas voulu choisir entre les deux car arrêter l’un ou l’autre était impossible pour moi. C’était un peu sport mais c’était incroyable. Je réussissais dans les deux car j’étais à fond et parce que ça me tenait à cœur », avance celle qui accroche deux titres à son palmarès en Nacra 15 avec son barreur : celui de vice-champions d’Europe et de Champions du Monde, avant de tourner la page du Nacra 15. « Mon papa faisait de l’ETF26 et son sponsor montait un projet féminin. J’ai été appelée par Mathilde Géron pour être flight controller. Ça m’a permis d’apprendre à voler sur un catamaran beaucoup plus grand, et de faire mes premiers pas dans la voile professionnelle ». Lou navigue aussi en 69F dès 2021, appelée par un certain Charles Dorange.

    Quand elle apprend la création de la première Womens’ America’s Cup, elle se projette assez vite et trouve ça « chouette qu’il y ait des femmes sur la Coupe ». Quand l’annonce du projet Youth tombe, Lou, qui navigue beaucoup en ET26 et 69F, prend conscience de tout ce qu’un tel projet pourrait lui apporter. Elle remplit alors un dossier de candidature et passe les sélections à l’ENVSN. « Au départ, j’ai été retenue comme remplaçante. Le Team m’a rappelée en octobre pour un évènement en 69F. On a remporté la Youth Foiling Gold Cup. Je m’étais donnée à fond car j’avais à cœur de gagner pour le projet. Finalement, j’ai intégré l’équipe le 14 décembre dernier ». Pour Lou, la Youth America’s Cup est « une super opportunité, une passerelle, un biais pour prétendre à faire de grandes choses ensuite, une expérience très formatrice ». Si elle rêve de victoire, elle ne ferme pas la porte à l’olympisme. « J’aimerais bien repartir sur un support olympique mais j’avoue que j’ai du mal à me projeter. Je vis beaucoup plus le moment présent et  prépare toujours mes saisons au dernier moment. Là, je vais essayer de faire le maximum pour progresser le plus possible et faire de bons résultats », confie celle qui aime faire de la wing pendant le peu de temps libre dont elle dispose. Et qui aimerait participer à la Womens’ America’s Cup, un jour.

    Date de naissance : 15 mars 2023
    Lieu de naissance : Vannes (56)
    Sa devise : « Less is more. »

    Ce que la coupe représente pour elle : « C’est le graal, en plus des Jeux Olympiques. Il y a plusieurs compétitions à gagner en voile : les Jeux, The Ocean Race, le Vendée Globe et la Coupe. Elle représente l’excellence sportive et l’expérience de toute une équipe. C’est un circuit qui fait évoluer notre sport. On ne peut pas trouver beaucoup mieux. »

    Un souvenir précis de l’America’s Cup : « Je me souviens de la finale entre les Néo-Zélandais et les Américains en 2017. C’était un moment de sport juste énorme. »

     

     

  • 2013
    Matisse Pacaud
    2013
  • 2015
    Théo Revil
    2015

    Issu d’une famille de marins, Theo Revil fait partie des meilleurs navigateurs de sa génération. Engagé dans une préparation olympique en 49er avec Gaultier Tallieu, il a été sélectionné pour participer à la Youth America’s Cup au sein d’ Orient Express – L’Oréal Racing Team en tant que régleur de l’AC40.

    Chez les Revil, la voile est une histoire de famille. Son père, Xavier, a en effet couru en Tornado pendant de nombreuses années et représenté la France aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008. Pas étonnant donc que Theo, qui a grandi sur les rives du lac d’Aix-les-Bains, se soit lancé dans la voile, même si on père ne l’a jamais poussé à en faire. « J’ai essayé plusieurs sports dont le judo, que j’ai pratiqué pendant six ou sept ans. J’ai fait quelques compétitions. J’ai fait aussi un an de foot et j’ai essayé le handball, mais pas en club », se rappelle Theo, qui a toujours aimé la compétition parce que ça pousse à « essayer d’être meilleur que les autres, à comprendre pourquoi on ne l’est pas le cas échéant, et à travailler pour gagner la fois suivante ».
    A sept ans, il tire ses premiers bords en Optimist sur le lac d’Aix-les-Bains et se lance dans la régate six mois plus tard. En 2014, sa famille déménage à La Baule. Theo effectue sa dernière année d’Optimist là-bas avant de passer en 29er au Pôle Espoir de La Baule l’année suivante. « J’ai découvert un nouveau terrain de jeu avec beaucoup plus de vagues et de vent. Avant, je n’avais fait qu’une régate en Corse et toujours navigué sur un plan d’eau intérieur. C’était cool pour parfaire mon apprentissage ». Pendant ses quatre années de 29er, il fait ses premières régates internationales, commence à s’entraîner un peu avec les étrangers et décroche son premier titre et pas des moindres : celui de Champion du Monde Jeune 2017.
    Sacré Champion d’Europe en 2018, le jeune homme, qui est alors en Sports Études, se dit qu’il a les cartes en mains pour se lancer dans l’olympisme. « J’ai bien aimé régater à l’international et nos bons résultats m’ont donné envie de continuer. Je rêvais de faire de l’olympisme et c’était cool de voir que ce rêve était en train de commencer à se concrétiser », indique celui qui passe au 49er en septembre 2018 tout en poursuivant ses études « en STAPS d’abord, avant de faire un DPJEPS à Quiberon », qu’il valide en janvier 2023. « Je suis parti dans une préparation olympique mais on s’est arrêté il y a un an et demi. J’ai ensuite fait un an de pause avant d’apprendre qu’il y aurait une équipe Youth sur l’America’s Cup. J’ai essayé de savoir comment les sélections allaient se passer avant d’être contacté ». Après avoir passé les différentes étapes avec succès, Theo apprend sa sélection le 14 décembre dernier. « C’est cool d’en faire partie. Je devrais être régleur tribord normalement même si les postes ne sont pas encore définis à ce jour. J’ai hâte de naviguer sur l’AC40 ».

    Lors de la sélection qui se déroule à l’ENVSN à Quiberon, Theo se rapproche de Gaultier Tallieu. Ensemble, ils décident de « monter un projet pour les Jeux Olympiques de 2028 et plus » et reprennent le chemin de l’entraînement fin 2023. « Mon premier rêve reste de faire les Jeux. C’est mon objectif principal. Mais la Coupe me fait rêver aussi. C’est quelque chose que j’envisage dans un second temps. Si ça arrive un jour, ça sera vraiment génial mais ce n’est pas encore un objectif en soi. Par contre, si l’occasion se présente un jour, il faudra la saisir et la gagner deviendra un objectif ».

    S’il ne garde pas de souvenirs de la participation aux Jeux Olympiques de son père, Theo en a plus de ses années de course au large. « Le voir naviguer autour du monde m’a donné envie de faire de la course au large en équipage un jour et d’emprunter la même voie que lui, ou en tous cas d’essayer. J’aimerais bien connaître un jour les mers du sud, ou juste la navigation au large. Ça m’intéresse vraiment et je pourrais me tourner vers la course au large si je n’arrive pas à aller au bout de mes rêves dans l’olympisme », confie Theo, qui vit toujours à La Baule, où il passe le plus clair de son temps sur ou dans l’eau. « Je fais du surf et du kite quand je ne navigue pas, j’adore être sur l’eau ».

    Date de naissance : 13 février 2000
    Lieu de naissance : Rouen (76)
    Sa devise : « Le travail finit par payer. »

    Ce que représente l’America’s Cup pour lui : « C’est l’un des projets les plus complets. Pour gagner, il faut être bon dans tous les aspects : les marins, le bateau et son développement, les infrastructures qu’il y a derrière et le shore team. Il faut avoir des gens compétents à chaque poste car c’est une victoire d’équipe. Personne ne peut rien faire sans les autres. »

    Un souvenir précis de l’America’s Cup : « L’une des choses qui m’ait le plus marqué, même si j’étais jeune à l’époque, reste le come-back des Américains face aux Néo-Zélandais en 2013. C’était quelque chose de quasi improbable. Ça prouve que les marins ne sont pas les seuls à pouvoir faire la différence à ce niveau-là. »

     

     

     

     

Shore Team

Shore Team

Au sein de léquipe de lOrient Express Racing Team, plusieurs départements autour de léquipe navigante et de la direction :
> léquipe design en charge du développement de l'AC75 et du simulateur
> léquipe technique en charge des bateaux
> les services communication, relations publiques, logistique, administration et RSE.

A termes ce seront près de 80 personnes qui travailleront quotidiennement au bon déroulement du projet.