Enzo Balanger, skipper du France Orient Express – L’Oréal Racing Team sur la Youth America’s Cup
Date de naissance : 8 octobre 2000
Lieu de naissance : Les Abymes (Guadeloupe)
Passionné de voile dès sa plus tendre enfance, Enzo Balanger, qui a suivi une filière plutôt classique en Guadeloupe puis en Métropole, fait partie des marins les plus talentueux de sa génération. Déterminé et ambitieux, le licencié de La Pelle Marseille a passé avec succès les sélections avant d’être nommé skipper d’Orient Express – L’Oréal Racing Team pour la Youth America’s Cup.
Originaire des Abymes (Guadeloupe), Enzo Balanger découvre la voile à six ans. « Le club était en bas de chez moi. J’ai commencé par faire de l’Optimist le mercredi après-midi. Ça m’a vraiment plu et j’ai commencé à naviguer un peu plus », raconte celui qui grandit sur l’île papillon jusqu’à ses 15 ans. Trois ans après ses premiers bords, Enzo se lance dans la compétition en Benjamin. Il a alors neuf ans « J’ai toujours été très compétiteur, même quand je jouais à la maison avec mon frère. Je suis directement devenu accro car c’était un environnement où je pouvais me mettre un peu de pression, avoir la boule au ventre avant un départ de manche. Ça me plaisait. Ça changeait du quotidien et je prenais du plaisir à être sur l’eau », confie-t-il. Très vite, il enchaîne les bons résultats et accroche notamment un titre de Champion d’Europe et de France à son palmarès. « J’ai eu la chance d’aller au Championnat d’Europe en 2013, où j’ai terminé dans le Top 20. L’année suivante, toutes les planètes étaient alignées et j’ai fait une très belle semaine en Irlande. Le dernier jour, on n’a pas couru car il y avait trop de brume et j’ai gagné. C’était une vraie délivrance et un grand moment. J’ai enchaîné avec une victoire au Championnat de France, c’était vraiment un bel été », se rappelle-t-il avec émotion.
Après un passage éclair par le Laser qu’il pratique pendant six mois, Enzo déménage en Métropole en 2015 et entre au Pôle Espoir de la Rochelle en 420. Le succès est une nouvelle fois au rendez-vous pour le jeune marin, associé à Gaultier Tallieu. Dès sa première saison en 2016 sur ce nouveau support, il est sacré vice-champion de France Espoir et signe son premier podium mondial en U17 en se hissant sur la 3e marche du podium. Ensemble, Enzo et Gaultier gagnent tout en France et participent au Mondial Jeunes ISAF 2018 en Chine où ils terminent 4e. Une belle performance que le duo réitère au Championnat du Monde de 420 en Australie deux semaines plus tard. Vice-champion d’Europe Jeune cette même année, il tourne la page du 420 sur une bonne note avant de s’essayer pendant un an au 470 pour « découvrir l’olympisme ».
Fort de ses expériences, « J’ai commencé le Moth à foil en 2018 parce que j’étais hyper attiré par les supports volants et que je voulais me lancer dans un projet olympique à foil » Enzo passe d’une à deux coques, et se lance en Nacra17 en 2020 et intègre le Centre d’Entraînement Méditerranée (CEM) à La Grande-Motte. Après un an et demi de compétition et une 5e place au Mondial Jeunes de Nacra 17 en 2020, il décide de changer de voie. « On n’a pas fait des performances incroyables mais ça m’a permis de découvrir l’olympisme et de travailler de manière plus professionnelle avec de la préparation physique journalière et un budget à monter, à être plus investi. Ça m’a aussi permis de savoir que c’était ça que je voulais faire de ma vie. C’était une expérience hyper intéressante ».
S’il consacre la majeure partie de son temps à la voile, Enzo n’en oublie pas pour autant ses études. Après un bac S et un passage à l’INSA, il entre à l’EDHEC où il suit un cursus online depuis 2020. Une formule qui lui permet de gérer son planning comme il le souhaite et d’augmenter son temps de navigation grâce à des cours enregistrés. A l’été 2022, Enzo se met à fond dans le Moth à foil et pars s’entraîner de plus en plus fréquemment sur le lac de Garde (Italie) avec les meilleurs de la série et commence à performer chez les Seniors avec un premier Top 10 (9e place) au Championnat du Monde 2022, puis une 6e place en 2023.
En parallèle, il rêve d’America’s Cup. « Quand j’ai entendu parler de la Youth America’s Cup qui devait avoir lieu à Auckland en 2020, je me suis dit que c’était l’une des meilleures passerelles pour comprendre comment ça fonctionnait et pouvoir intégrer un jour la Coupe avec les « grands ». J’avais envie d’y participer, car c’est mon rêve et mon objectif de gagner un jour la Coupe », se souvient-il. Enzo contacte alors Charles Dorange en vue de la Youth America’s Cup 2024. « J’ai eu la chance de faire partie des pré-sélectionnés et de pouvoir envoyer mon dossier. J’ai ensuite suivi tout le processus de sélection, avec un premier stage en avril 2023 à l’ENVSN à Quiberon puis un second programme de sélection un peu plus poussé. On est allés à Barcelone où on a fait du simulateur. Ça a bien matché avec le team. Au fur et à mesure des navigations, j’ai senti que les membres de l’équipe me faisaient confiance. J’ai appris ma sélection le 14 décembre dernier. La journée a été assez longue car on pouvait recevoir un appel entre 14 et 18 heures. C’est Bruno Dubois qui m’a annoncé ma sélection en tant que skipper. J’étais super heureux car c’était la concrétisation d’un gros travail ». Et le début d’une belle aventure.
Quand il n’est pas sur l’eau, Enzo, passionné de sport en général, suit un petit peu l’actualité des autres disciplines. « Quand j’étais un plus jeune, j’étais un grand fan de foot. J’en ai fait un peu, ainsi que du basket, du tennis et du tennis de table avec mes copains, mais je n’ai pas pratiqué un autre sport en club que la voile. J’ai eu la chance de trouver le mien du premier coup », avance Enzo. Ses « idoles » : Jean Le Cam et Nathan Outteridge. « Je suivais Jean pendant ses Vendée Globe, ses Route du Rhum. J’ai même eu la chance de faire un tour sur son IMOCA à son arrivée en Guadeloupe quand j’avais deux ans. Et qu’il baptise mon Optimist, c’était un super moment ». Pour autant, Enzo, qui « aime bien dormir dans son lit le soir », ne se voit pas pour le moment se lancer un jour dans la course au large. « Quand j’ai commencé vraiment le 420 et que je me suis intéressé davantage à la voile olympique, je me suis dit que le mec que j’aimerais être était Nathan Outteridge. Il performe sur tous les supports et est hyper compétiteur. C’est inspirant et c’est une personne à qui je m’identifie ». Quand il ne navigue pas, il regarde du bateau. « J’essaie vraiment de regarder ce qu’il se fait sur la Coupe et les éditions précédentes sur les réseaux, sur YouTube. J’aime bien aller courir ou faire du sport en général, j’en ai besoin ».
Que représente la Coupe ?: « Je rêve de la gagner un jour, pas juste d’y participer. Et j’espère que ça va devenir un objectif et que j’aurai la chance de pouvoir le faire. J’organise mes saisons sportives et ma vie en général autour de ça. Je fais du Moth parce que tous les barreurs de la Coupe en font. Je peux me battre avec eux au Championnat du Monde. C’est toujours un moment incroyable d’être sur la ligne de départ avec des marins comme Tom Slingsby ou Nathan Outteridge, de pouvoir se battre contre des mecs que je regarde sur YouTube. J’ai fait mon premier Championnat du Monde de Moth en 2021. C’était un truc énorme pour moi de voir toutes ces stars sur le parking, de naviguer contre elles. J’espère pouvoir un jour me battre avec eux sur la Coupe. »
Un moment qui t'a marqué : « Il y en a plein mais celui qui m’a le plus marqué, c’est le come-back des Américains en 2013. C’était quelque chose d’hyper fascinant, inspirant. Et je ne parle pas uniquement de ce qu’il s’est passé sur l’eau mais de tout le process mis en place par l’équipe pour essayer de revenir dans le match. J’ai eu la chance de côtoyer un peu Philippe Presti en Moth. Il m’a donné beaucoup de conseils. La manière dont il raconte l’histoire de son point de de vue est inspirante. Ça montre que dans le sport, tant que ce n’est pas fini, il y a toujours une chance de gagner. »