AC75 - Espionnage organisé, c’est terminé !

© Alexander Champy-McLean / Orient Express Racing Team

Le « Recon program » est le nom du programme d’espionnage encadré sur l’America’s Cup. Inédit sur cette 37e édition, l’organisation a imposé aux concurrents, des observateurs – vidéastes, photographes, rédacteurs – mandatés pour tout rapporter et consigner sur un serveur auxquelles les équipes ont toutes accès. Mêmes informations pour tous et au service de tous. Ce programme a pris fin, le 22 juin dernier, deux mois avant le lancement de la 37e America’s Cup, laissant donc le champ libre à tous les concurrents en matière d’observation mutuelle…

Bruno Dubois, CEO et Directeur sportif Orient Express Racing Team : « Ce système du Recon est fabuleux. Sans cela, nous aurions dû organiser nous -même pendant des mois et des mois des observations de nos concurrents, qui en Nouvelle-Zélande, qui en Sardaigne etc… Nous avons eu à disposition l’ensemble des images qui ont toutes été scrutées et analysée tant par nos ingénieurs et architectes que nos marins. Si nous voulions une info sur un adversaire, il nous suffisait de faire une demande spécifique aux personnes en charge de sa surveillance et le soir, nous avions à disposition la photo attendue, sur le serveur commun. Tout est transparent.  C’est un plus en termes d’apprentissage et c’est un plus environnemental : pas de déplacements démesurés de semi-rigides. 6 équipes à observer. Si les 6 font la même chose, ça fait du monde sur l’eau ! »

Depuis le 22 juin, c’est le black-out : plus de son, plus d’images !

Comme prévu dans le règlement, ce programme de reconnaissance s’est achevé le 22 juin dernier, 2 mois avant le début des confrontations en match race.

« Dès le lendemain de la clôture de ce programme, nous avions devant notre ponton des semi-rigides de la concurrence avec des photographes et des vidéastes qui nous mitraillaient. Bien sûr, en respectant la distance réglementaire de 75 mètres de notre base… ce n’est pas grand-chose ! Sur l’eau, nous ne devons pas approcher à moins de 200 mètres un autre challenger. Ce programme a officialisé l’espionnage qui jusque-là était, certes monnaie courante, mais toujours très discret. C’est ce qui a forgé aussi une partie du mythe America’s Cup. » poursuit Bruno Dubois.

L’équipe Recon d’Orient Express Racing Team 

« Comme les autres équipes cette date, nous nous sommes organisés et sommes présents sur le plan d’eau à Barcelone avec un photographe- vidéaste qui, à la demande de la cellule performance ou des marins, va observer telle ou telle partie d’un bateau adverse, tel réglage ou manoeuvre etc…
Ce n’est pas le tout d’avoir nos propres photos ou d’avoir accès au serveur Recon de l’organisation, il faut analyser cette matière, riche d’enseignements. C’est entre autres, un travail effectué au cœur du département performance mené par Franck Cammas.

Cela demande du temps et des compétences. C’est pourquoi, en complément de nos datas analysts et autres designers et ingénieurs, Juan Kouyoumdjian, architecte naval aux multiples succès et à l’expertise certaine, est venu renforcer l’équipe il y a quelques semaines. Etant donné son profil, Juan analyse dans le moindre détail les bateaux des concurrents et rend des rapports nourris et chiffrés sur les observations effectuées. » conclut Bruno Dubois.

Juan Kouyoumdjian : « Savoir ce que font les autres équipes en termes de conception et d'utilisation de leurs bateaux est un élément important de cette compétition. Cela met les choses en perspective et permet d'affiner sa propre vision et sa propre configuration. Je suis très heureux d’accompagner l'équipe Orient Express Racing Team dans ce travail. Je suis très impressionné par la qualité de ce qu'ils ont fait en si peu de temps ».

De ces observations, que pouvons-nous apprendre chez les autres et que pouvons-nous modifier ou encore développer à quelques semaines du lancement de la 37e America’s Cup ?

Benjamin Muyl, responsable du design : « Ces observations de nos adversaires nous permettent de comparer les designs de foils par exemple et ainsi anticiper les forces et faiblesses. Nous pouvons également comparer des techniques de manœuvres et profiter de leur expérience. Etant la seule équipe qui n’a pas navigué sur un AC75 avant la réception du nôtre, ce dernier aspect est aussi important. Bien sûr qu’en fonction de ce que nous jugeons pertinent, notre AC75 Orient Express peut évoluer au fil des semaines, que ce soit sur les foils, le safran ou les voiles… »